Un museau pointu perce la surface et s’élève tel un gratte-ciel qui sortirait des eaux au large des Bergeronnes le 31 juillet. Le rorqual commun observe le bateau d’excursion qui se trouve à quelques centaines de mètres de lui. Ce comportement s’appelle «spyhopping» pour les scientifiques. Il permet à l’animal de sortir ses yeux de l’eau et d’observer les alentours. Cette fois, les observateurs sur les bateaux d’excursions étaient les observés.
Au large de Percé, le 3 aout, c’est une journée requin pèlerin! Au moins deux requins, si ce n’est trois, nagent entre le Rocher Percé et l’ile Bonaventure. L’un d’eux a un aileron dorsal haut de près de trois pieds (environ 1 mètre).
À Baie-des-Sables, quatre petits rorquals troublent le calme du fleuve le 4 aout à l’heure de l’apéro. La même journée, à Percé, la mer aussi est calme et la visibilité permet de voir à plus d’un mille marin et demi vers le large. Une quinzaine de petits rorquals s’alimentent activement : ils effectuent roulades et propulsion dans une frénésie de guillemots marmettes et de petits pingouins ! Autre observation exceptionnelle : une tortue luth – la plus grande de toutes les espèces des tortues – est aperçue près des colonies d’oiseaux de l’ile Bonaventure!
Le 5 aout, un cri s’élève de la foule d’observateurs installés sur les rochers du Paradis marin, à Bergeronnes. À quelques mètres d’eux, un rorqual à bosse s’élance dans un saut spectaculaire : un «breach»! Seul le quart du lobe gauche de sa queue reste immergé avant que le corps massif s’abatte dans l’eau. Plusieurs hypothèses tentent d’expliquer la fonction des sauts : démonstration d’agressivité, communication sur de longues distances, développement des capacités musculaires, retrait des parasites, technique de chasse… En arrière-plan se trouvent également une foule d’espèces d’oiseaux marins, des marsouins communs et un petit rorqual. On aurait bien aimé savoir de quoi s’alimentent tous ces animaux!
Un autre «breach» de rorqual à bosse a été observé cette fois dans la baie de Sept-Îles le 3 aout. Sous la gorge de l’animal, de nombreuses balanes ont été vues. Ces petits crustacés ont tendance à tomber avec le contact prolongé de l’eau froide. Est-ce un animal récemment arrivé des mers chaudes du Sud?
Encore le 5 aout, sur la Basse-Côte-Nord, un groupe d’épaulards est filmé au large de Lourdes-de-Blanc-Sablon et d’Harrington Harbour.
La visite des épaulards dans les eaux du Saint-Laurent est plutôt rare. Ces épaulards appartiennent probablement à la population de l’Atlantique Nord-Ouest et de l’est de l’Arctique.
Au large de Matane, toujours le 5 aout, un autre spectacle exceptionnel s’offre à notre collaborateur René Roy. Il photo-identifie pas moins de 8 rorquals bleus cette journée-là! Au moment d’écrire ces lignes, le 9 aout, une des assistantes de recherche du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) photographie deux rorquals bleus devant les dunes de Tadoussac. Sont-ils venus de Matane? La photo-identification est en cours!
Finalement, c’est l’abondance des observations du côté de la Station de recherche des iles Mingan (MICS). Le chercheur Christian Ramp relate avoir observé le 8 aout 30 rorquals à bosse et une vingtaine de rorquals communs à 40 milles nautiques au large de Longue-Pointe-de-Mingan, le tout dans une mer agitée. Quels individus seront reconnus de cette sortie? L’analyse des photos commencera sous peu.