Par Christine Gilliet
Lyne Morissette participe actuellement à la traversée inaugurale du sanctuaire de mammifères marins des Caraïbes qui vient d’être créé par le gouvernement français. Embarqué à bord du Bel Espoir II, le projet « sur la Route des Baleines », véritable colloque flottant pour 25 experts internationaux, s’arrêtera dans les îles du sanctuaire pour rencontrer le grand public.
Après une première série de conférences en Guadeloupe, l’expédition « sur la Route des Baleines » a été lancée à Fort-de-France, en Martinique. Les 25 experts internationaux viennent d’embarquer pour dix jours, du 9 au 17 avril 2011, à bord du Bel Espoir II, une goélette à trois mâts pouvant porter 650 mètres carrés de voiles.
« Ce qui est intéressant avec cette aventure, explique Lyne Morissette, c’est que les baleines que nous protégeons ici, dans le Saint-Laurent, avec le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, vont passer l’hiver au Sud, dans un sanctuaire où elles seront protégées et qui constitue leur zone de reproduction ».
Seule Canadienne à bord, Lyne Morissette, chercheuse à l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER) au Québec, participe à cette inauguration à titre d’experte en écologie des écosystèmes et des mammifères marins. Elle est également coresponsable de la Chaire UNESCO en analyse intégrée des systèmes marins de l’UQAR-ISMER.
Baleines migratrices, du Saint-Laurent aux Caraïbes
Dans les Antilles françaises, 21 espèces de cétacés à fanons, à dents et dauphins sont recensées sur les 28 espèces de la mer des Caraïbes, qu’elles soient résidantes à l’année, pour une saison, ou bien de passage lors de leur migration. Sur son blogue, Lyne Morissette nous invite à partager cette traversée au jour le jour. Le 10 avril, elle écrit : « Les baleines sont en ce moment dans les Caraïbes et entreprendront dans quelques jours leur migration de retour vers le nord, pour s’alimenter dans les eaux riches en poissons et en krill du Saint-Laurent et des côtes Atlantique Est et Ouest. On ne sait pas exactement quels individus partent d’ici dans les Antilles pour revenir chez nous. On ne connait guère mieux l’aller que le retour: pour les rorquals à bosse, on sait que la migration existe entre le Saint-Laurent et les Caraïbes, mais pour la baleine bleue, c’est encore un grand mystère ».
Des liens entre sanctuaires
Le Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent (PMSSL) s’associe avec enthousiasme à ce premier sanctuaire pour les mammifères marins dans les Caraïbes, commente Émilien Pelletier, président du Comité de coordination du PMSSL. « La mission première de notre Parc marin, dit-il, est de protéger l’habitat des bélugas et des autres mammifères qui viennent chaque année s’alimenter à l’embouchure du fjord du Saguenay. Les mammifères marins sont de grands migrateurs qui ne connaissent pas les frontières établies par les hommes, mais qui font partie du plus précieux héritage que nous lèguent chaque jour les océans du monde. »
AGOA, le Sanctuaire pour les mammifères marins aux Antilles françaises qui s’étend sur 138 000 kilomètres carrés, a pour objectif de valoriser cet espace propice à la recherche scientifique, d’agir pour le rétablissement des populations et d’étendre la protection des espèces et de leurs habitats. A l’annonce de sa création en novembre 2010, les autres pays présents dans la zone caribéenne ont offert leur collaboration pour instaurer des jumelages entre sanctuaires afin de créer un vaste espace de protection.[UQAR-ISMER, AGOA]
Pour en savoir plus:
Sur le site de la Route des Baleines