Les gouvernements du Québec et du Canada ont annoncé le 28 juin la création d’une nouvelle aire marine protégée conjointe au banc des Américains, en Gaspésie. La protection du territoire de 1000 km2 est un pas vers l’atteinte de l’objectif du gouvernement québécois de délimiter en aires marines protégées une proportion de 10 % de la superficie de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent d’ici 2020.

L’aire marine protégée du Banc-des-Américains sera mise en place grâce à l’Entente de collaboration Canada-Québec pour l’établissement d’un réseau d’aires marines protégées au Québec et dans l’estuaire du golfe du Saint-Laurent. Elle aura un double statut, soit de réserve aquatique au Québec et de Zone de protection marine au Canada. Pour une période de 30 jours à compter du 30 juin 2018, les commentaires du public seront entendus pour établir la version définitive du règlement qui permettra de mettre en place et de régir la nouvelle aire protégée.

Un carrefour biologique exceptionnel

Le banc des Américains est un talus sous-marin dont la partie la moins profonde culmine à 12 mètres de profondeur. Cette formation rocheuse particulière, combinée aux éléments nutritifs amenés par le courant de Gaspé, fait de cette zone un habitat de qualité pour nombre d’espèces marines.

Le projet d’aire marine protégée dans ce « carrefour biologique » où se côtoie une forte biodiversité permettra de protéger les habitats des fonds marins ainsi que les espèces fourragères comme le capelan, le hareng, le lançon et le krill. Le nouveau statut du Banc-des-Américains vise également à faciliter le rétablissement d’espèces en péril comme le rorqual bleu, le loup tacheté (poisson) et le loup à tête large (poisson).

L’aire marine protégée du Banc-des-Américains se divisera en deux zones de gestion pour assurer la conservation et la protection de la zone. Dans la zone la plus vulnérable où la protection est la plus stricte, les activités de pêche commerciale et de pêche récréative seront interdites. Dans la seconde zone, la pêche commerciale sera autorisée dans une certaine mesure : la pêche aux trappes, à la palangre (appareil de pêche composée d’une ligne principale sur laquelle sont fixés à intervalle des cordages se terminant par un hameçon appâtés) et à la ligne à main seront tolérées sauf sur certaines espèces fourragères.

Encore loin du 10% de territoires marins protégés

En 2015, le gouvernement du Québec annonçait sa volonté de s’engager à protéger au moins 10% de la superficie de l’estuaire et du golfe du Saint-Laurent d’ici 2020, ce qui représente un territoire d’environ 14 500 km2. Il existe une seule aire marine protégée actuellement au Québec : le parc marin Saguenay–Saint-Laurent.

Le gouvernement du Québec projette également de créer une réserve aquatique à Manicouagan depuis 2013. Cependant, ce projet est sur la glace depuis plusieurs années sans avancée significative. Aucun échéancier clair n’a été établi pour permettre au gouvernement du Québec d’atteindre son objectif d’ici deux ans.

Le projet de création de l’aire marine protégée du Banc-des-Américains amènerait la superficie d’aire protégée créée et aire protégée projetée dans l’estuaire de 1,3% à 1,96%. Il reste donc bien du chemin avant d’atteindre cet objectif de 10%, et même avant la création de l’aire marine protégée du Banc-des-Américains.

Rappelons que dans le cas du parc marin Saguenay–Saint-Laurent, seule zone maritime officiellement protégée dans tout le Saint-Laurent, il aura fallu patienter 10 ans entre l’annonce du projet et son entrée en vigueur. Comme l’explique Denis Cardinal, cogestionnaire de l’aire marine projetée de Manicouagan, « il ne faut pas être pressé quand on fait de la conservation! »

Actualité - 4/7/2018

Aurélie Lagueux-Beloin

Aurélie Lagueux-Beloin est rédactrice pour Baleines en direct depuis l’été 2018. Aimant autant faire de la science qu’en parler, elle complète sa maitrise en biologie à l’Université du Québec à Montréal ainsi qu’un certificat en journalisme à l’Université de Montréal. Sur les ondes de CISM 89,3 FM, elle coanime l’émission de vulgarisation scientifique Le Lab. Aurélie est touche-à-tout et s’intéresse autant aux baleines qu’aux dinosaures en passant par les bancs de krill!

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