Les 23 et 24 mai derniers, plusieurs membres de l’équipe du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) et de Parcs Canada (PMSSL – Parc Marin du Saguenay Saint-Laurent) ont suivi une formation sur la pose de balise satellite offerte par le Campobello Whale Rescue Team (CWRT). L’équipe de sauvetage de Campobello a développé une expertise pour intervenir auprès de baleines dans des situations d’empêtrements dans un engin de pêche. Elle est chapeautée par le Canadian Whale Institute, qui travaille en recherche et à la rescousse des mammifères marins. En collaboration avec plusieurs partenaires, le RQUMM est en mesure d’assurer la coordination d’interventions complexes dans des situations d’empêtrements. Selon la situation et la localisation, différentes équipes peuvent être sollicitées pour intervenir auprès de cétacés en difficulté. La récente formation, qui a eu lieu au large de Tadoussac, permet aux équipes de réponse, d’acquérir et de développer leur expérience pour solidifier la collaboration entre les organismes concernés par les empêtrements.
Des cas complexes
Selon Patrick Weldon, responsable des interventions au RQUMM, les cas d’empêtrements sont des situations très complexes. « Ces cas majeurs exigent la convergence d’aptitudes bien particulières : être capable de naviguer, d’être familier avec les comportements des cétacés, avoir de l’expérience d’approche auprès de baleines en difficulté et une bonne connaissance des comportements sécuritaires à adopter sur l’eau. » Peu de gens sont formés pour ces situations exigeantes et le territoire à couvrir est très grand. Pour Laurence Tremblay, membre de l’équipe de recherche du GREMM, qui participe à sa 2ième formation avec CWRT, ce genre de formation est plus que pertinent « Des fois, poser une balise sur le cordage de l’animal avant que l’équipe de dépêtrement arrive, ça permet de ne pas perdre l’animal »
La formation de 2 jours a permis de pratiquer, sur l’eau, différentes aptitudes nécessaires à la pose d’une balise satellite. À bord d’un bateau, les personnes formées suivaient le mouvement d’un autre bateau comme si c’était une baleine empêtrée. La conduite du bateau en approche d’une baleine et le lancer de balises ont été le point central de la formation, puisque l’opération constitue un risque considérable de collision et de dérangement de l’animal. Les conditions environnementales et le matériel sont également à prendre en compte afin de s’assurer de la sécurité des personnes participant aux opérations.
Des événements fréquents
Un bon exemple de cas d’empêtrement est survenu en septembre dernier dans l’estuaire quand un rorqual à bosse pris dans des cordages a été aperçu. Le RQUMM et Parcs Canada ont pu poser une balise satellite sur le cordage dans lequel la baleine était prise, malgré les conditions météorologiques assez difficiles. La balise a permis de suivre ses déplacements jusqu’à l’arrivée de la CWRT. Le lendemain, le cordage et la balise ont été retrouvés et il a été possible, grâce à des mesures de télédétection, de confirmer que la baleine était libérée du cordage. Évidemment, chaque cas de ce genre est différent, la formation a donc permis d’acquérir de l’expérience sur le terrain.
Le mot d'ordre : la collaboration
Étant donné la complexité de la coordination d’évènements comme les dépêtrements, la collaboration de nombreuses personnes est primordiale. Le RQUMM dépend en partie de la collecte d’informations transmises lors de signalements à la Centrale UMM de la part des riverain·e·s et des communautés sur l’eau pour formuler un plan d’intervention. Par la suite, la mobilisation des équipes de sauvetage comme celle du Campobello Whale Rescue Team ou de Parc Canada est de mise.
« Étant donné que l’équipe spécialisée vient de loin, nous avons un travail d’envergure à effectuer sur le terrain en amont de leur arrivée. Si, en collaboration avec les équipes du secteur, nous arrivons à poser une balise pour facilement repérer l’individu empêtré, il y a plus de chance que l’opération soit un succès » explique Patrick Weldon.
« Chacun a des compétences et des expériences différentes et on apprend les uns des autres, ça prend des connaissances sur les cétacés, la mer, les cordages » ajoute Laurence Tremblay.
Les cas d’empêtrement nous rappellent qu’il y a de nombreux défis de cohabitation entre les humains et les baleines. C‘est pourquoi il est particulièrement important de prendre connaissance des impacts que les activités humaines peuvent avoir sur la faune. La formation est un premier pas vers l’atténuation des menaces qui pèsent sur plusieurs espèces du Saint-Laurent.