Dans le cadre des évaluations environnementales de projets de développement dans le Saint-Laurent, la question des effets cumulatifs revient souvent. Des projets aux impacts modérés, lorsqu’ils se multiplient, peuvent mener à des impacts importants sur l’environnement. Comment s’assurer que, avec l’accumulation de différents projets, la capacité de l’écosystème est respectée?
Afin de répondre à cette question, et grâce à la demande du conseil des Mohawks de Kahnawà:ke, le Saint-Laurent aura droit à une évaluation régionale! Cette démarche vise à élaborer un cadre de référence pour les évaluations environnementales et à considérer les impacts cumulatifs de différents projets sur l’environnement et sur les droits des Autochtones. L’évaluation régionale devrait donc permettre de quantifier les impacts actuels des activités humaines ainsi que les seuils à ne pas dépasser pour éviter des effets irréversibles sur l’écosystème.
Un écosystème connecté
Dans sa demande initiale, le conseil mohawk propose que l’évaluation se concentre sur le secteur du fleuve s’étendant de Montréal à Québec. D’autres communautés autochtones ainsi que des groupes environnementaux consultés ont ensuite suggéré de prolonger la zone d’étude pour y inclure l’estuaire. Pour le moment, l’Agence d’évaluation d’impact du Canada, qui sera chargée de réaliser cette évaluation régionale, ne s’est pas prononcée sur la portion du Saint-Laurent qui sera considérée.
Dans sa lettre d’appui au processus d’évaluation régionale, le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) soutient que l’estuaire devrait être englobé, afin de refléter le continuum de l’écosystème et de la voie maritime. En effet, des projets portuaires dans le secteur de Montréal ont nécessairement des effets sur la navigation dans le golfe et l’estuaire, portes d’entrée du Saint-Laurent, et donc sur les espèces qui y vivent.
«Le jour de la marmotte»
Pour le conseil de la Première Nation des Innus Essipit, les évaluations environnementales donnent parfois une impression de «jour de la marmotte», peut-on lire dans leur lettre. C’est que, dans les dernières années, différents projets ont touché aux mêmes enjeux environnementaux, et ont donc mené à des discussions similaires. Une évaluation régionale pourrait éviter une part de ce sentiment de répétition, en fournissant des renseignements de référence sur les préoccupations récurrentes, comme le béluga du Saint-Laurent, ainsi que sur les mesures d’atténuation nécessaires.
Cependant, avertissent certains groupes, cette évaluation globale ne doit pas justifier un abandon des évaluations environnementales spécifiques. En effet, chaque projet a ses particularités, et l’évaluation régionale ne saurait en remplacer l’analyse approfondie.
L’Agence d’évaluation d’impact du Canada devrait dévoiler davantage de détails sur la forme que prendra cette évaluation régionale d’ici la fin de l’année.