La saison des excursions aux baleines dans le secteur entre Tadoussac et Les Escoumins s’est achevée début novembre. Ai-je besoin de vous rappeler que ce fut une saison exceptionnelle ici, avec notamment cette forte présence de rorquals à bosse? Un minimum de 110 individus répertoriés! Du jamais vu!
J’étais donc un peu triste de ne plus aller sur l’eau. D’autant plus que, après l’arrêt des croisières et jusqu’à la fin novembre, je pouvais voir depuis le rivage – et notamment depuis le Cap de Bon Désir – de nombreux grands souffles très au large. Quatre rorquals à bosse sont même passés proches du rivage à plusieurs reprises.
L’appel du large
Et puis, le 25 novembre, j’ai eu l’immense chance de pouvoir sortir une dernière fois en zodiac, entre amis. Seuls au large. Qu’importe les vagues et le vent du sud-ouest, ce fut une journée mémorable. Nous rencontrons à plus de sept milles des Bergeronnes près d’une quinzaine de rorquals à bosse. Je prends des photos de plusieurs nageoires caudales pour tenter d’identifier ces individus. En étudiant ces photos le soir, je m’aperçois que ce sont tous des individus observés plus tôt cette saison. Et la quasi-totalité de ces rorquals à bosse s’attardant dans notre secteur ne sont pas encore entrés dans le catalogue central des rorquals à bosse du Saint-Laurent tenu par la Station de Recherche des iles Mingan (MICS), ce sont donc sans doute des jeunes individus qui ne sont pas pressés de rejoindre les territoires de reproduction dans le sud.
Sur l’eau, nous faisons aussi de bien belles observations, puis soudain nous repérons un rorqual à bosse qui saute dans les airs, bien loin de nous. Après 5 sauts, nous décidons de rejoindre cet individu. Nous restons évidemment à bonne distance, le laissant poursuivre ses cabrioles spectaculaires entre fleuve et ciel durant plus de trente minutes. Je peux prendre ces photos, un grand sourire aux lèvres.
Phoques d’hiver
La journée n’était pas finie…. Le rorqual à bosse sauteur s’étant calmé, nous continuons notre patrouille. Soudain, nous apercevons de gros bouillons devant nous. Ce sont des phoques du Groenland. Ils sont plus de 300! Ils sortent la tête (et parfois une partie de leur corps) hors de l’eau avec dynamisme, et après quelques minutes sondent tous en même temps avant de disparaitre. L’hiver est bien à nos portes, c’est ce que nous prouve l’arrivée de ces impressionnants troupeaux de phoques du Groenland.
On notera également la présence de quelques petits rorquals sur le trajet. Le soir tombe, bien trop vite, sur cette journée de novembre. Les touristes sont partis, les croisières sont terminées, mais les mammifères marins continuent de s’en donner à cœur joie dans notre secteur.
À bientôt pour un prochain carnet de terrain avec des observations hivernales… depuis les rivages enneigés de la Haute-Côte-Nord.