Mise à jour au 25 aout 2020

Malgré les recherches actives par les agents des pêches et des collaborateurs, le rorqual à bosse empêtré n’a pas été revu le 24 aout ni dans le secteur de Matane, de Baie-Comeau, de Pointe-des-Monts et de Baie-Trinité. D’autres rorquals à bosse nageant librement ont été observés, mais pas celui en difficulté.

Ce matin, la météo maritime s’est dégradée et des avertissements de forts vents gardent l’équipe à terre. En l’absence de conditions météo sécuritaires, les recherches sont temporairement levées.

Mise à jour au 24 aout 2020

Le rorqual à bosse en difficulté a été revu le 23 aout au large de Godbout et Pointe-des-Monts. Des agents des pêches ont pu rejoindre l’animal et valider qu’il traine bien du cordage. Ils sont à nouveau sur l’eau aujourd’hui pour poser une balise sur la baleine afin de pouvoir la suivre plus facilement.

L’équipe de dépêtrement de Campobello est en route pour venir en aide à l’animal. Si tout va bien, l’opération de dépêtrement devrait pouvoir commencer demain.

Un rorqual à bosse ayant un mouvement de nage anormal a été signalé au Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) à quatre reprises entre le 26 juillet et le 17 aout 2020, puis à nouveau le 23 aout. Le rorqual à bosse semble mal en point et trainerait du cordage à la queue. Malgré tout, il parvient à se déplacer, ayant parcouru plus de 500 kilomètres entre les différents points d’observation.

Retour sur les évènements

Lors de la première observation le 26 juillet, les plaisanciers qui l’ont aperçu ont coupé* et récupéré 100 pieds (30 m) de cordage à 25 pieds (7,6 m) de l’animal avant d’appeler la ligne d’urgences pour les mammifères marins, le 1 877 722-5346. Toutefois, la personne ayant coupé le cordage ne peut confirmer qu’il était relié au rorqual à bosse. Depuis, ni les photos ni les vidéos envoyées par les différents témoins n’ont permis de confirmer si un ou des cordages se trouvent sur l’animal ou si l’animal est blessé. Aucun témoignage ne rapporte la présence de cordes, de filets, de casiers ou de bouées sur la baleine. La présence de cordage a toutefois pu être constatée le 23 aout.

Depuis le 26 juillet, le rorqual à bosse garde l’équipe du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins en haleine. Le 27 juillet, des agents des pêches ont patrouillé le secteur où l’animal avait été vu, sans parvenir à le retrouver. Des collaborateurs de la région ont aussi été avisés, mais ils ne l’ont pas vu.

Le 2 aout, un deuxième signalement parvient au Réseau, cette fois du côté de la région de Matane. À partir de cette deuxième observation, l’équipe de dépêtrement de Campobello est sur le pied d’alerte pour intervenir avec les agents des pêches de Pêches et Océans Canada. Cette équipe basée au Nouveau-Brunswick est responsable des opérations de dépêtrement pour le Québec et les Maritimes, avec le Whale Stranding & Release de Terre-Neuve. Toutefois, malgré les recherches de notre collaborateur dans le secteur de Matane les jours suivants, et suite aux mauvaises conditions météos amenées par la tempête tropicale Isaias, l’animal n’a pu être revu avant le 15 aout. Cette fois, il est à 200 km en amont, dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent.

Le 15 aout, un signalement est fait au Réseau en après-midi pour un animal nageant bizarrement par Croisières Escoumins. Un avis à la navigation est émis. Ce sont toutefois les images transmises par une naturaliste de AML le 17 aout qui ont permis de confirmer qu’il s’agissait du rorqual à bosse de Port-Cartier et de Grosses-Roches. Malgré l’assistance de la flottille des bateaux d’excursion, des patrouilles du GREMM et des gardes de parc de Parcs Canada, l’animal n’a pas été repéré depuis.

Si vous voyez le rorqual à bosse sur l’eau ou à partir de la rive, vos signalements au 1 877 722-5346 sont essentiels pour le suivi de ce cas. Soyez vigilants à la présence de cet animal qui passe plus de temps en surface.

* Rappel : il est important de ne jamais tenter d’intervenir auprès d’un animal en difficulté, mais de rapporter l’incident rapidement au RQUMM. Le geste posé par les plaisanciers à Port-Cartier, même si bien intentionné, pourrait avoir réduit les options d’interventions pour cet animal.

Pourquoi fait-on appel à l’expertise des Maritimes et de Terre-Neuve?

Au Québec, pour dépêtrer des grands cétacés (rorquals à bosse, rorquals communs, rorquals bleus) pris dans des engins de pêche, il faut faire appel à des équipes provenant des provinces voisines. Pourquoi? Parce que ces interventions demandent une grande expertise et surtout, une pratique du métier. Les cas d’empêtrements au Québec étant assez rares, les experts en dépêtrements recommandent de faire appel aux équipes expérimentées plutôt que d’en créer une qui n’aura pas les chances de pratiquer suffisamment années après années. Cette situation pourrait changer si les cas d’empêtrements augmenteraient.

Même dans les régions où une équipe locale existe, rares sont les interventions qui sont faites la journée même du premier signalement. «Dans les cas d’empêtrements des grands cétacés, les animaux peuvent nager des journées, des mois, voire des années avec des cordages. Les empêtrements qui ne noient pas directement l’animal ont des effets à long terme sur les baleines, ce qui nous amène à vouloir intervenir rapidement. Toutefois, nous avons une certaine fenêtre de temps pour tenter les opérations de dépêtrement», explique Robert Michaud, coordonnateur du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins.

Les agents des pêches de Pêches et Océans Canada travaillant au Québec sont formés pour installer des balises satellites sur les baleines empêtrées, afin de pouvoir suivre leur mouvement. «Mais pour poser une balise, il faut pouvoir retrouver la baleine, ce qui n’est pas toujours aussi facile qu’on pourrait le croire», confirme Robert Michaud, qui travaille auprès des baleines depuis plus de 35 ans.

Urgences Mammifères Marins - 18/8/2020

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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