Le 22 octobre, un vent du nord-est souffle sur Cap-des-Rosiers et, entre les vagues, un témoin aperçoit une baleine au large en matinée. Plus tard dans la journée, le témoin observe à nouveau la baleine qui ressort au même endroit. Intrigué, il décide alors de contacter le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins. Que se passe-t-il pour ce rorqual ?
Un bénévole du Réseau habitant non loin de là se rend sur les lieux. Après quelques minutes de balayage visuel, il observe à son tour la baleine et confirme l’espèce : c’est un rorqual à bosse. Il rapporte que l’animal a l’air vigoureux et en santé, pas de marque ou de signes problématiques, aucune corde ou bouée n’est visible autour de l’animal. Ce qui nous a amenés à nous questionner sur la situation est que la position du rorqual à bosse était exactement la même position sur une période prolongée.
Le lendemain matin, plusieurs bénévoles du Réseau ainsi que des employés en conservation du parc Forillon se sont relayés pour faire un suivi du cas. Ils confirment que la baleine se situe toujours au même endroit. Serait-elle empêtrée ou a-t-elle un comportement inusité ?
Le temps des cales sèches
Le Réseau s’active pour trouver quelqu’un qui serait capable d’aller valider la situation sur l’eau. Malheureusement, la majeure partie des bateaux de plaisanciers et de pêcheurs du secteur sont déjà rangés pour l’hiver. Après plusieurs heures de recherche, nous trouvons un regroupement de pêcheurs ayant toujours des bateaux disponibles : l’Association des capitaines propriétaires de la Gaspésie. Le président de l’association, Jean-Pierre Couillard, décide de nous venir en aide. Avec ses collègues, ils prennent le large le 23 octobre à bord du Sarah-Pierre en direction du cap des Rosiers.
Après quelques minutes de recherche, ils repèrent le rorqual à bosse. Malgré la proximité, ils ne parviennent pas à déterminer ce que fait ce rorqual : aucune trace de blessure ou de sang, l’animal ne tourne pas sur lui-même, il ne change pas de direction, mais refait surface au même point. Ils font alors quelques photos et vidéos pour donner aux experts en mammifères marins un visuel de la situation. Impossible de conclure si la baleine est empêtrée et, si oui, de quelle façon. La nuit tombe, nous savons maintenant qu’il faudra employer d’autres méthodes pour confirmer ce que fait la baleine.
Les conditions météo difficiles des jours suivants empêchent les agents de Pêches et Océans Canada de faire un suivi de la situation. Lorsque les conditions seront meilleures, un survol aérien de la zone sera effectué. Le témoin qui a vu la baleine initialement ne l’a pas revu à la même position depuis le 23 octobre et nos bénévoles non plus. Qu’est-ce qui l’a gardé si statique pendant plus de 24 heures? Quelques souffles de rorquals à bosse groupés étaient visibles plus loin les jours suivants. La baleine en faisait-elle partie ?
Pour en savoir plus
Baleine empêtrée, une situation complexe (Baleines en direct, 2018)