Par Christine Gilliet

Avec une acidité des océans accrue de 30% depuis 250 ans ayant un impact sur les écosystèmes, il est urgent d’avoir des données précises et modéliser les tendances pour les prochaines décennies. Ce centre sera coordonné par l’AIEA à Monaco. C’est aussi en Méditerranée qu’un laboratoire simulera des taux importants d’acidité, dans une boîte installée au fond de la mer.

Ce plan de surveillance mondial sera mis en œuvre par le Centre de Coordination Internationale pour l’Acidification des Océans, basé à l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA) à Monaco qui a annoncé sa création à la mi-juin dans la perspective de la conférence des Nations Unies Rio 20 sur l’environnement. Soutenu par plusieurs pays membres de l´AIEA, il sera supervisé par de nombreuses institutions internationales. Chaque pays devra soutenir financièrement et organiser son propre plan de surveillance.

Les chercheurs ont pour objectif d’effectuer des mesures d’acidification standardisées avec des appareils automatisés installés dans les réseaux d’observation existants et les données seront transmises aux équipes par satellite. Il est prévu également que des mesures faites à partir de bateaux de recherche prennent une place routinière dans le travail des scientifiques sur le terrain. Actuellement, les données récoltées sur l’acidification proviennent d’un petit nombre de sites répartis dans le monde sur lesquels les scientifiques se rendent chaque mois depuis plusieurs décennies, ou à partir de campagnes de recherche spécifique menées à bord de navires, ce qui entraîne un coût élevé pour cette surveillance.

Plus de données précises dans le monde pour mieux prévoir

Avec les rejets croissants de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère, l’acidité des océans a augmenté de 30 % depuis la révolution industrielle amorcée il y a 250 ans. Ce phénomène chimique a un impact alarmant sur différentes espèces marines, comme les coraux, mollusques, oursins, planctons, en diminuant la quantité de minéraux de carbonate qui leur permettent de fabriquer leur squelette ou leur coquille. Il pourrait aussi affecter la reproduction des poissons.

« On prévoit que l’augmentation de l’acidité des océans pourrait atteindre 150 % d’ici 2050 », comme on peut le lire dans une synthèse scientifique publiée en 2010 par le Secrétariat de la Convention sur la diversité biologique basé à Montréal. Cette hausse significative est 100 fois plus rapide que tout changement d’acidité de l’environnement marin depuis 20 millions d’années, ne laissant que peu de temps à une adaptation évolutionnaire des systèmes
biologiques ».

Simuler une forte acidification en Méditerranée et observer l’impact

L’océanographe Jean-Pierre Gattuso, directeur de recherche au Laboratoire d’océanographie de Villefranche-sur-Mer (CNRS-Université Pierre et Marie Curie), au sud-est de la Méditerranée en France, cite le cas de l’île volcanique d’Ischia, en Italie, où l’acidité de l’eau est naturellement plus élevée que la normale en raison d’une quantité importante de CO2 relâchée par des failles sous-marines. Il souligne qu’aucune espèce marine n’a pas s’adapter à ce taux d’acidité qui correspond à celui que les prévisions indiquent pour 2100 au niveau global des océans.

C’est d’ailleurs à Villefranche-sur-Mer que le professeur Gattuso et son équipe mènent un projet de recherche inédit en Europe en installant un laboratoire sur le fond côtier, une sorte d’aquarium en plexiglas dans lequel les niveaux d’acidité attendus pour 2050 et 2100 seront maintenus pendant plusieurs mois. Cette « cage » de deux mètres de longueur sur un mètre de largeur, dotée d’une réserve de CO2, gardera une acidité supérieure à celle du milieu naturel extérieur et sera dotée d’enregistreurs de luminosité, de température et de courants. Les scientifiques pourront observer à l’intérieur comment réagissent les plantes et les organismes à cette acidification simulée.[News Environnement, Nature, Le Monde, Libération, Synthèse scientifique des impacts de l’acidification des océans sur la biodiversité marine-Cahier technique CDB N° 46]

En savoir plus

Sur le site de News Environnement : Un réseau mondial de l’acidification des océans

Actualité - 5/7/2012

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