Le moins que l’on puisse dire est qu’il est peu commun qu’un spécimen de dauphin bleu et blanc se trouve dans le Saint-Laurent. Le citoyen qui a trouvé une carcasse de cette espèce sur une plage de Maliotenam sur la Côte-Nord a eu le bon réflexe d’en informer le Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins (RQUMM) le mercredi 9 décembre en soirée. Grâce à son signalement, le Réseau peut consigner un peu plus d’informations sur ce rare visiteur du Saint-Laurent.
Un bénévole du Réseau s’est rendu sur les lieux. Il a mesuré, étiqueté et échantillonné la carcasse. Les échantillons de différents tissus ont été envoyés à Pêches et Océans Canada qui pourra les analyser.
Seuls deux autres individus de l’espèce du dauphin bleu et blanc ont été signalés au RQUMM, soit en 2008 et en 2013. Le squelette de celui trouvé en 2013 peut être observé au Centre d’interprétation des mammifères marins (CIMM) à Tadoussac.
Plusieurs hypothèses existent pour expliquer son arrivée sur la Côte-Nord, bien qu’aucune ne puisse être pleinement validée actuellement. Il pourrait s’être égaré de son troupeau et avoir suivi son chemin seul avant d’arriver jusqu’au fleuve. Il a aussi pu croiser un troupeau d’une espèce de dauphin vivant dans l’Atlantique Nord, c’est-à-dire de dauphins à nez blanc ou de dauphins à flancs blancs de l’Atlantique et s’y être intégré un certain temps.
Mal adapté en eaux froides
Cette espèce de dauphin vit habituellement dans des eaux tropicales, plus chaudes que celles du Saint-Laurent. Il est envisageable que le dauphin ait souffert du froid étant peu adapté aux températures en décembre.
Fait intéressant, la carcasse révèle qu’un animal a prélevé un morceau sur ce dauphin en le mordant. Était-ce une fois que le cétacé est mort? A-t-il subi l’attaque d’un prédateur alors qu’il nageait encore? Le RQUMM n’est pas en mesure d’y répondre.
On trouve des individus de cette espèce en partie dans la mer Méditerranée où il est le cétacé le plus répandu. Crevettes, calmars et poissons constituent son alimentation habituelle. Il s’adapte facilement au changement des saisons qui fait varier ses proies. Des différences de taille s’observent entre les individus de cette population et celle trouvée dans les eaux tempérées de l’Atlantique nord-est. L’analyse de la carcasse permettra peut-être de déterminer son lieu d’origine.