20 aout 2017. On entend régulièrement, avant de prendre le large, que chaque croisière est unique. Que même si l’on a un début de journée moins propice à l’observation de mammifères marins, cela peut vite changer et devenir l’une de nos plus belles expériences ! Croyez-moi, je n’avais jamais cru que cette journée-là, j’allais avoir une rencontre aussi inattendue.

Ma première croisière s’est déroulée à observer des petits rorquals en alimentation de surface, ce qui a fait le bonheur des passagers, mais qui me laissait bredouille pour mon travail de photo-identification des grands rorquals.

Je décide donc de retenter ma chance à la dernière croisière de la journée. Côté météo, la journée qui avait moyennement bien commencé finissait merveilleusement bien. Avec une couverture nuageuse proche de 0%, une légère brise relativement chaude, un estuaire des plus calmes et une visibilité à son maximum, les conditions étaient devenues parfaites pour partir trouver de gros souffles.

Mais à l’embouchure du Saguenay, proche du site d’observation terrestre de Pointe-Noire, notre bateau d’excursion doit faire un détour. Les bélugas du Saint-Laurent sont en voie d’extinction, et la présence d’un petit groupe de bélugas nous force à les contourner à une distance d’au moins 400 mètres.

Avec l’espoir de croiser un individu potentiellement reconnaissable malgré la distance, je me mets à photographier le groupe. Or, un des individus attire l’attention de Jaclyn Aubin, étudiante à la maitrise sur les bélugas et codirigée par le GREMM, présente elle aussi sur le bateau où je me trouve. À notre grande surprise, entre deux bélugas, la présence d’un animal plus foncé qui suit le cycle de respiration du groupe sort du lot. La rencontre rapide dure quelques respirations avant que le groupe ne reparte en plongée en direction du fiord. L’excitation est à son maximum, mais pas de conclusion trop hâtive !

Après avoir analysé l’individu photographié, nous envoyons une photo à l’équipe du Bleuvet afin de nous confirmer la rencontre… Bien qu’on n’ait pas pu bien observer la présence d’une dent caractéristique, l’individu est reconnaissable à son dos moucheté. Ça ne fait plus de doute : ce n’est ni un bleuvet, ni un béluga juvénile, c’est bien un narval !

Une seconde interrogation vient donc nous tarauder l’esprit : s’agit-il du même individu que celui rencontré l’année précédente ?

Après vérification auprès de l’équipe de recherche du GREMM, nous avons pu confirmer que le narval observé en 2016 était bien présent le 20 aout 2017 dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent. Comme quoi … quand on évolue dans un milieu naturel, il est vraiment important de rester alerte, car on est jamais à l’abri d’un coup de chance !

Carnet de terrain - 23/8/2017

Mathieu Marzelière

Mathieu Marzelière s’est joint à l’équipe du GREMM en 2017 comme assistant de recherche bénévole pour le programme de recensement photographique des grands rorquals du parc marin. Depuis, il est assistant de recherche technicien pour les projets de recherche sur les bélugas. Mathieu a aussi été observateur de mammifères marins (OMM) sur des sites de construction maritime.

Articles recommandés

Destination bélugas avec CacounAir

Par Sami Jay Wagner-Beaulieu et Hugo Catineau, techniciens pilote de drone pour la brigade béluga rive sud L’arrivée du temps…

|Carnet de terrain 3/10/2024

Cap sur le fjord du Saguenay avec Antarès

Mardi 27 août, 8h00. J’ai rendez-vous au laboratoire de l’équipe de recherche du Groupe de recherche et d'éducation sur les…

|Carnet de terrain 17/10/2024

Comprendre les effets des conditions physiques et chimiques de l’eau sur les bruits sous-marins

Par : Sarah Duquette, technicienne en gestion des ressources à Parcs Canada Aujourd’hui, mon réveille-matin a sonné à 5h30 et,…

|Carnet de terrain 3/9/2024