Cette activité en importante croissance dans le monde perturbe la vie de ces espèces de manière directe et indirecte, dans la fréquentation de leur habitat et dans la disponibilité de leurs proies. Des experts ont colligé des données d’études d’impacts, pour que le dragage soit mieux géré et ses effets négatifs diminués.
Le dragage en milieu marin consiste à prélever des sédiments dans une mer ou un estuaire pour les déposer dans un autre lieu. Son utilité est très vaste dans le domaine de la construction d’infrastructures, telles que des ports, des digues, des voies maritimes. Quatre types de dragueurs sont utilisés selon la nature des fonds marins dans lesquels ils doivent intervenir et génèrent des effets propres à chacun d’eux; ils sont présentés sous forme de schémas dans l’article de synthèse paru le 4 novembre 2014 dans l’ICES Journal of Marine Science.
Cet article, dont l’auteure principale est la consultante britannique Victoria L. G. Todd, synthétise les connaissances disponibles sur les impacts du dragage sur les mammifères marins et leurs habitats, et vise l’amélioration de la gestion environnementale de l’activité. Un document annexé à l’article reprend dans un tableau synoptique les données d’études d’impacts du dragage – qu’ils soient documentés ou prévisibles – en relation avec chaque espèce de mammifère marin, détaillant sa gamme de fréquences sonores, ses habitats et répartitions régionales, sa diète.
Le chiffre d’affaires mondial de l’activité industrielle de dragage a été estimé à 11 370 000 euros en 2014 et a plus que doublé depuis l’année 2000. L’augmentation de la population et des projets d’infrastructures (en nombre et en taille) implique que la demande pour le dragage continuera certainement de croître dans le monde entier.
Effets directs ou à travers la chaîne alimentaire
Pour les auteurs de l’article, une gestion des activités de dragage des fonds marins en matière de développement durable est requise, basée sur une connaissance approfondie de ses impacts sur les habitats marins, la faune et la flore. Jusqu’à maintenant, les effets positifs et négatifs du dragage sur la flore marine, la faune benthique et sur le fond des mers sont relativement bien documentés. Cependant, les impacts directs et indirects sur les mammifères marins qui habitent les régions côtières, là où la construction nécessitant du dragage est intensive, sont bien moins compris.
Dans la liste des impacts directs, si les collisions entre engins de dragage et mammifères marins sont possibles, elles représentent peu de risques de mortalités en raison de la faible vitesse des dragueurs. Les bruits émis par ces derniers dans de larges gammes de fréquences et de faible énergie ne causent pas à priori de dommages ou de blessures à leur système acoustique; par contre ils peuvent entraîner chez eux des changements de comportement, les amenant notamment à quitter leur habitat en raison du dérangement. Quant à la turbidité de l’eau créée par le déplacement des sédiments à une échelle locale, ses impacts ne semblent pas significatifs étant donné que les mammifères marins vivent souvent dans des eaux turbides.
Dans le registre des impacts indirects, les auteurs citent: les sédiments en suspension dans la colonne d’eau; la propagation des contaminants libérés de ces sédiments; le déplacement des invertébrés, des larves et œufs se trouvant dans les sédiments; la dégradation du milieu et sa pollution sonore. Ils affectent les espèces qui se trouvent à des niveaux inférieurs dans la chaîne alimentaire ou qui constituent des proies directes pour les mammifères marins.
S’il s’avère que, selon les auteurs, le dragage a des impacts nuisibles sur les mammifères marins, leurs effets se caractérisent de manière spécifique selon la localisation des travaux effectués, le type de dragueur utilisé et selon l’espèce de mammifère marin qui est exposée.
Sources
Sur le site de Ocean Science Consulting (en anglais seulement):
A review of impacts of marine dredging activities on marine
mammals
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Sur le site de Baleines en direct: