Pour diminuer la surexploitation, le gaspillage des ressources et les pollutions, la Commission Océan Mondial présente son rapport et plan de sauvetage à mettre en œuvre dans les cinq ans. Elle appelle à pétitionner auprès de Ban Ki-moon pour que de nouveaux accords soient pris.

Cette commission indépendante a été fondée en février 2013 par trois coprésidents venant du milieu des affaires et de la politique, à l’initiative de Pew Charitable Trusts, et financée par des fonds philanthropiques. Parmi ses 18 commissaires de divers pays, on trouve des personnalités politiques ou exerçant un rôle de décideur dans les secteurs économiques et financiers.

Pour une gouvernance mondiale

Dans le rapport qu’elle vient de publier le 24 juin à New York, Du déclin à la restauration. Un plan de sauvetage pour l’océan mondial, la Commission a fait appel à des scientifiques pour analyser cinq facteurs de déclin des océans et présente huit propositions d’action pour les restaurer. Avec une rédaction accessible à tous, notamment par des schémas et graphiques, elle souhaite entamer le dialogue avec les personnes et groupes dont les intérêts sont directement liés à la haute mer, avec le grand public et les décideurs.

Sur son site web, elle lance un appel pour une pétition qui sera adressée à Ban Ki-moon, secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU), en septembre 2014. À cette date, l’ONU entamera un débat sur l’avenir de la haute mer et sur la manière dont celle-ci devrait être gouvernée. Selon la Commission, en l’absence de juridiction, de contrôle et de gestion de l’océan à l’échelle mondiale, les pays doivent négocier un nouvel accord dans le cadre de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM). La protection des océans contre la surexploitation et le gaspillage des ressources est une priorité. Un nouvel accord devrait viser la création de zones marines protégées.

Pêche non durable et pollution par les plastiques

Depuis les années 1950, les océans qui couvrent 70 % de la surface de la planète se dégradent de manière spectaculaire. De manière non exhaustive, le rapport de la Commission fait l’état des lieux de cinq facteurs de déclin: la demande croissante en ressources alimentaires, énergétiques et minérales; les avancées technologiques qui permettent d’accéder partout dans tous les océans et de plus en plus vers les grandes profondeurs; la diminution alarmante des stocks de poissons due à la surpêche; les changements climatiques associés aux diverses pollutions qui modifient rapidement l’environnement et entraînent la perte de la biodiversité et des habitats; la gouvernance insuffisante de la haute mer.

Parmi les huit propositions d’action pour restaurer l’océan mondial, la Commission demande aux États membres de l’ONU d’adopter de toute urgence une approche en trois étapes pour éliminer les incitations financières qui maintiennent une flotte trop importante de bateaux de pêche commerciaux alors que les stocks de poissons ne font que se réduire. Les stocks des espèces marines pêchées pour un intérêt commercial sont effondrés dans une proportion de 90 %. Les subventions soutiennent la rentabilité de la pêche en haute mer, pratiquée par 10 nations avec des navires trop grands qui pêchent en surcapacité. La pêche illégale, qui représente 20 % de la pêche commerciale, requiert une coopération et des mesures internationales. Il en est de même pour la mise en place de réglementations strictes pour l’exploration pétrolière et gazière.

Quant aux plastiques, qu’ils soient débris, objets ou fragments presque invisibles, ils s’accumulent dans tous les océans et sont une cause importante de mortalités chez les oiseaux, tortues et mammifères marins qui les ingèrent accidentellement. Leur masse augmente considérablement depuis les années 1950, et la production et l’utilisation d’emballages à usage unique sont censées augmenter à la même vitesse, surtout dans le contexte actuel de réduction des prix des résines de plastique. Les plastiques constituent un danger pour la santé humaine, car des organismes toxiques et des polluants persistants se fixent sur eux, sont propagés par les courants et s’accumulent dans la chaîne alimentaire.

La Commission rappelle que l’océan mondial, cet écosystème sans frontières le plus vaste au monde, produit près de la moitié de l’oxygène que nous respirons et absorbe plus du quart du dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre, que les activités humaines émettent.

Sources

Sur le site de la Commission Océan Mondial:

Plan de sauvetage de l’océan sur cinq ans
Du déclin à la restauration – Un plan de sauvetage pour l’océan mondial – Résumé du rapport
From Decline to Recovery: A Rescue Package for the Global Ocean. Full Report (en anglais seulement)
On a aimé écouter

Sur le site de France Inter:

Self Control, Océans et Vins: thèmes de l’émission La tête au carré (à partir de 8 min 23 s)

Pour en savoir plus:

Sur le site de Reuters (en anglais seulement):

Governments should set 5-year deadline to save oceans from over-fishing -experts

Sur le site du Monde:

Un appel pour sauver la haute mer, un « Etat en déliquescence »

Sur le site du Globe and Mail (en anglais seulement):

Report warns world’s fragile oceans pushed to point of collapse

Sur le site Change.org:

Contribuez à assurer un océan vivant, l’alimentation et la prospérité. Proposez de nouvelles normes pour la protection de la haute mer en Septembre 2014 (pétition)

Sur le site de Futura Sciences:
Un plan de sauvetage et un appel pour les océans

Un plan de sauvetage et un appel pour les océans

Sur le site de Baleines en direct:

La pêche (archives des Actualités d’ici et d’ailleurs)

Les changements climatiques

Actualité - 27/6/2014

Christine Gilliet

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