Malgré leurs noms similaires en français, le rorqual boréal et la baleine boréale sont deux espèces bien distinctes! Pour enlever toute confusion autour de ces cétacés – et parce que même les meilleur·e·s d’entre nous arrivent à les mélanger – nous avons pris le temps de tracer la ligne entre les deux espèces.

Des différences… de taille!

Morphologiquement, le rorqual boréal est très élancé, tandis que la baleine boréale est plutôt ronde et dodue. Déjà, la différence entre les deux est marquée. En continuant de les observer, on peut constater l’absence de nageoire dorsale sur le dos de la baleine boréale, la distinguant encore une fois du rorqual boréal. Effectivement, ce dernier possède une nageoire dorsale en forme de crochet, située vers l’arrière de son corps.

Outre leur apparence, ces deux espèces ne fréquentent pas non plus les mêmes eaux : l’habitat de la baleine boréale est en Arctique alors que le rorqual boréal nage dans tous les océans de la planète, excepté les eaux recouvertes d’un important couvert de glace.

Mais ce n’est pas tout. Qu’il soit question du souffle, de la taille ou encore de la longévité, les différences entre le rorqual et la baleine boréale sont nombreuses!

Rorqual boréal

  • Nom latin : Balaenoptera borealis
  • Longueur : 12 à 16 mètres – au nord, 13 à 17 – au sud
  • Poids : 16 à 27 tonnes – au nord, 22 à 38 tonnes – au sud
  • Longévité : 60 ans
  • Temps de plongée : 13 minutes
  • Population mondiale : 80 000 individus

En anglais, le rorqual boréal est appelé « Sei Whale », issu du mot norvégien « sejhval ». Cette appellation rappelle que la baleine, « hval », arrivait dans les eaux de Norvège lors de sa migration en même temps qu’une espèce de poisson, le « seje ». À en lire cette définition, on réalise qu’il n’y a qu’en français que les mots viennent porter à confusion!

Comme son nom latin Balaenoptera l’indique, le rorqual boréal appartient au genre des baleinoptères, qui regroupe notamment le petit rorqual, le rorqual commun et le rorqual bleu. Le rorqual boréal s’apparente d’ailleurs physiquement au rorqual commun, mais est de bien plus petite taille et sa mâchoire est de teinte unie. Son chevron – le patron de coloration sur son dos – serait également en forme de « u » plutôt qu’en « v » comme le rorqual commun.

Bien qu’il ne fréquente pas les eaux québécoises, le rorqual boréal nage en eaux canadiennes, au large des côtes de Terre-Neuve et de la Nouvelle-Écosse. Il parcourt aussi tous les océans de la planète, des tropiques jusqu’aux pôles – nord ou sud – lors de ses migrations saisonnières.

Le rorqual boréal est généralement solitaire, mais peut former de petits groupes de deux à cinq individus à l’occasion. En zone d’abondance de nourriture, il n’est pas rare de voir des regroupements de plusieurs dizaines d’individus.

Le rorqual boréal fait partie des mammifères marins les plus rapides : sa vitesse de nage peut atteindre facilement 25 km/h! Il n’en est pas moins en voie de disparition dans l’Atlantique, selon l’évaluation qu’en a fait le COSEPAC en 2019. Les collisions avec les navires et le bruit sous-marin seraient les menaces principales qui pèsent sur l’espèce.

Baleine boréale

  • Nom latin : Balaena mysticetus
  • Longueur : 14 à 18 mètres
  • Poids : 60 à 90 tonnes
  • Longévité : 50 à 75 ans, plus de 100 ans dans certains cas
  • Temps de plongée : 1 à 20 minutes
  • Population mondiale : 30 000 individus

On observe la baleine boréale dans les eaux de l’hémisphère nord, où elle se nourrit de petits crustacés. Elle peut notamment être observée au Nunavik, dans le Nord du Québec, et près de l’Île de Baffin, au Nunavut. Fréquentant des régions d’une froideur importante, la baleine boréale est bien adaptée pour braver des températures sous la barre du zéro. Son imposante couche de graisse, appelée « blubber »,  est d’une épaisseur pouvant aller jusqu’à 28 cm.

Étant une espèce arctique, la baleine boréale a besoin – comme les bélugas – d’adaptations pour pouvoir venir respirer à la surface malgré le couvert de glace. C’est grâce à une protubérance sur le dessus de son crâne solide qu’elle brise la glace qui l’empêche de respirer. Elle parvient même à en casser jusqu’à 60 cm!

Nageant souvent en solitaire, la baleine boréale peut former de petits groupes à l’occasion, notamment dans des zones d’alimentation. Écrémeuse, la baleine boréale laisse entrer eau et zooplancton par sa bouche ouverte alors qu’elle se déplace. Ses fanons lui servent de filtre pour laisser sortir l’eau et conserver la nourriture dans sa bouche.

Chacun des fanons de la baleine boréale peut d’ailleurs atteindre jusqu’à quatre mètres de long, un record de longueur chez les baleines. On utilisait autrefois les fanons de baleines pour confectionner des corsets et des parapluies en raison de leur flexibilité. Près de 300 fanons se trouvent de chaque côté de la bouche de la baleine. À titre de comparaison, les plus longs fanons du rorqual boréal mesurent 80 cm.

À l’instar du rorqual boréal, la baleine boréale a été énormément chassée par le passé, si bien que certaines populations détiennent actuellement un statut préoccupant, selon l’évaluation effectuée en 2009 par le COSEPAC.

Des mystères persistent

Pourquoi avoir nommé le rorqual boréal ainsi, s’il ne fréquente pas les eaux du Nord? Et pourquoi la baleine boréale porte-t-elle le nom « bowhead » en anglais, en référence à la forme de sa tête, et pas en français? La nomenclature des espèces est un art pour le moins mystérieux. Néanmoins, en mettant de côté leurs noms similaires, on réalise bien vite que le rorqual boréal et la baleine boréale sont loin de se ressembler!

Pour en savoir plus

  • Carwardine, Mark (2022). Field Guide to Whales and Porpoises. Londres : Bloomsbury Wildlife, 288 p.
  • Perrin, William F., Würsig, Bernd et Thewissen, J. G. M. (2009). Encyclopedia of Marine Mammals. Londres : Elsevier Inc., 1316 p.
Les baleines en questions - 6/6/2024

Odélie Brouillette

Odélie Brouillette s’est jointe à l’équipe du GREMM comme rédactrice et naturaliste en 2022 et elle est de retour depuis l'hiver 2023 comme chargée de projet en vulgarisation scientifique. Biologiste de formation, elle aime apprendre et communiquer aux autres ce qui lui tient à cœur. Fascinée depuis toujours par les milieux marins et les baleines, elle souhaite, par la sensibilisation et la vulgarisation, contribuer à leur protection.

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