Surnommé le lévrier des mers, le rorqual commun est le plus rapide des grands rorquals qui fréquentent le Saint-Laurent. Sa vitesse de croisière est de 10 à 15 km/h, mais lorsqu’il s’alimente, il peut atteindre une vitesse de pointe de 40 km/h! Néanmoins, d’autres cétacés, comme le rorqual boréal, le Grand Dauphin et l’épaulard, peuvent être plus vifs et nager à plus de 55-65 km/h. Mais comment le rorqual commun peut-il se déplacer aussi rapidement malgré sa grande taille?, se questionne un croisiériste.
Pour être rapide comme l’éclair à l’épreuve de la nage papillon, quelle stratégie un athlète olympique peut-il adopter? D’abord, il peut miser sur des mouvements puissants d’ondulation du corps et perfectionner sa technique de poussée. Ensuite, il peut prioriser une position de glissement dans l’eau qui rend son mouvement efficace. La recette gagnante du rorqual commun est similaire : il peut être très rapide grâce à sa propulsion efficace et sa morphologie hydrodynamique.
Un moteur puissant
Pour nager vite, il faut avoir une bonne force de propulsion. Le puissant moteur du rorqual commun, c’est son pédoncule caudal, soit la partie postérieure de son corps portant la nageoire caudale. Celui-ci lui permet de générer une grande poussée et d’accélérer. Les baleines ondulent leur queue de bas en haut, contrairement aux poissons et aux requins qui ont un mouvement caudal de gauche à droite. La queue du rorqual commun contient deux groupes de muscles forts : un groupe extenseur et un groupe fléchisseur. Son mouvement est donc aussi puissant et efficace à la montée qu’à la descente.
De plus, la nageoire caudale est souple et à la forme d’une faucille ou d’un mince croissant de lune, ce qui améliore la production de la poussée et permet une propulsion efficace dans l’eau. C’est comme si le rorqual commun avait des palmes! D’ailleurs, les baleines à fanons sont les plus grands animaux à utiliser une technique de déplacement, appelée «nage avec queue de haute surface de soulèvement» par les biologistes.
Une morphologie hydrodynamique
Pour atteindre une vitesse de nage élevée, il faut également minimiser la friction de l’eau lorsqu’on se déplace. Le rorqual commun est doté de plusieurs adaptations morphologiques lui donnant une forme hydrodynamique. Il a une peau lisse, un corps effilé et un rostre pointu. Ses côtes sont plus minces que celles des autres baleines et sont inclinées vers l’arrière. À l’inverse, le rorqual à bosse, avec sa peau rugueuse et ses protubérances, n’est pas taillé pour la vitesse.
En plus d’un corps élancé et fuselé, le rorqual commun possède des nageoires lui conférant une bonne stabilité. Ses nageoires pectorales sont petites et triangulaires, lui permettant de demeurer stable et de manœuvrer aisément sous l’eau. Sa nageoire dorsale est courbée en direction de la queue et joue un rôle similaire à l’aileron d’un bateau. Elle permet à la baleine de garder le cap et d’éviter de tanguer, même à haute vitesse.
Savoir comment les rorquals communs sont aussi rapides constitue un point de départ afin de répondre à la fameuse question : pourquoi? Avec leurs petites pectorales et leur tête aplatie, les rorquals communs auraient-ils privilégié la vitesse à l’agilité? Ces cétacés auraient-ils acquis ces adaptations à cause d’une forte compétition entre les individus ou afin d’optimiser leurs techniques de chasse de différentes proies? L’évolution des espèces reflète souvent un cheminement entre plusieurs compromis qui reste difficile à interpréter.