La Commission européenne a dévoilé la semaine dernière sa stratégie pour réduire la quantité de déchets de plastique mis en décharge et rejetés à la mer. Son objectif : que tout emballage soit réutilisable ou recyclable d’ici 2030. Elle annonce un investissement de 350 millions d’euros dans la recherche visant à changer les mentalités en Europe et à moderniser la production et la collecte de plastique. Cette stratégie se traduira par une nouvelle proposition législative d’ici la fin de l’année, promet Frans Timmermans, premier vice-président de l’exécutif européen. C’est une bonne nouvelle pour les mammifères marins, dont l’habitat est de plus en plus envahi par ces déchets. Du côté du Canada, que font les gouvernements à ce sujet et que pouvons-nous faire comme citoyens pour diminuer la quantité de plastique qui aboutit dans l’océan ?

La petite histoire du plastique

La production de plastique a connu un véritable essor après la Seconde Guerre mondiale. On retrouve du plastique pratiquement partout : dans les emballages (comme les bouteilles en plastique), les biens de consommation, les matériaux de construction, les voitures et les vêtements (eh oui ! le polyester, c’est du plastique). Environ 35 % du plastique fabriqué est destiné aux emballages — c’est ce qu’on appelle du plastique à usage unique, qui prend quelques secondes à produire, est utilisé quelques minutes, puis prend entre 100 et 1000 ans pour se décomposer. Plus de 9,1 milliards de tonnes de plastique ont été produites depuis 1950. Des chercheurs ont calculé, dans une étude publiée en juillet dernier, que, sur ces 9,1 milliards de tonnes produites, près de 7 milliards de tonnes ne sont plus utilisés. Seulement 9 % ont été recyclés et 12 % ont été incinérés, laissant 5,5 milliards de tonnes de déchets de plastique sur la terre et dans l’eau.

Plus de plastique que de poissons dans l’océan

Jusqu’à 12 millions de tonnes de plastique aboutissent dans l’océan chaque année et cette quantité pourrait augmenter d’ici 2025 si rien n’est fait pour améliorer nos pratiques de gestion des déchets, estiment des chercheurs dans une étude publiée en 2015 dans la revue Science. Environ 51 billions de microparticules de plastique ont également fait leur chemin jusqu’à l’océan.  Si la tendance se maintient, il y aura plus de plastique que de poissons (en unité de masse) dans l’océan d’ici 2050, estime le Forum économique mondial (en anglais : World Economic Forum), dans un rapport publié en 2016. Les conséquences sur la vie marine sont multiples et de grande portée. Une récente campagne de l’ONU (#OcéansPropres) nous rappelle des faits inquiétants : les déchets en plastique nuisent à plus de 600 espèces marines (dont plusieurs espèces de baleines) et 15% des espèces marines qui ingèrent ou s’empêtrent dans les déchets de plastique sont en péril. Le 8 décembre dernier, près de 200 pays ont signé une résolution des Nations unies pour mettre fin à la pollution des océans par le plastique. Bien que cette résolution ne soit pas juridiquement contraignante, elle est un important premier pas.

Si la tendance se maintient, il y aura plus de plastique que de poissons (en unité de masse) dans l’océan d’ici 2050.

Le Canada et ses municipalités s’activent

Depuis le 1er janvier, il est interdit de fabriquer ou d’importer au Canada des produits de toilette contenant des microbilles de plastique et la vente de ces produits sera interdite à compter du 1erjuillet.

Plusieurs municipalités québécoises ont banni les sacs de plastique à usage unique. Notamment, depuis le 1er janvier, les commerçants de la Ville de Montréal n’ont plus le droit d’offrir aux consommateurs des sacs de plastique légers (ayant une épaisseur inférieure à 50 microns), ainsi que des sacs biodégradables, quelle que soit leur épaisseur.

Mais qu’en est-il de la vaisselle, des couverts et des bouteilles jetables en plastique, encore largement utilisés, et des emballages en plastique pas toujours recyclables qui recouvrent aliments et biens de consommation, ainsi que des tissus synthétiques, qui libèrent plus de 1900 fibres de microplastique à chaque lavage?

Que peut faire le citoyen ?

Les habitudes des gens peuvent changer. « Si vous expliquez à vos enfants qu’il faut cinq secondes pour produire une paille en plastique, pendant combien de temps vont-ils l’utiliser? Cinq, dix minutes? Mais si vous leur expliquez qu’il lui faut 500 ans pour se désintégrer une fois jetée, alors ils ne voudront plus l’utiliser », a assuré Frans Timmermans lors d’une conférence de presse à Strasbourg la semaine dernière.

Donnez l’exemple. Utilisez des contenants réutilisables pour vos lunchs, votre café, votre eau. Apportez vos sacs réutilisables lorsque vous faites vos emplettes. Refusez les emballages non recyclables et informez-vous des bonnes pratiques de recyclage auprès de votre municipalité.

Pour plus d’exemples de petits gestes qui réduiront substantiellement la quantité de plastique que nous envoyons dans l’océan : 16 astuces simples pour réduire ses déchets en plastique.

Actualité - 26/1/2018

Béatrice Riché

Après plusieurs années à l’étranger, à travailler sur la conservation des ressources naturelles, les espèces en péril et les changements climatiques, Béatrice Riché est de retour sur les rives du Saint-Laurent, qu’elle arpente tous les jours. Rédactrice pour le GREMM de 2016 à 2018, elle écrit des histoires de baleines, inspirée par tout ce qui se passe ici et ailleurs.

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