C’est le sombre bilan annuel d’un rapport états-unien qui appelle à l’action pour que la loi soit plus efficace et respectée à l’étranger. Depuis l’instauration du Marine Mammal Act, les captures ont diminué d’un tiers aux États-Unis.

Le Natural Resources Defense Council (NRDC), une organisation environnementale internationale à but non lucratif regroupant 1,4 million de membres, a publié son rapport le 14 janvier 2014, Net loss: The Killing of Marine Mammals in Foreign Fisheries. Selon les données scientifiques collectées par les auteurs, 650 000 mammifères seraient tués ou blessés de manière accidentelle par des engins de pêche chaque année dans le monde. En 2003, la Commission baleinière internationale avait estimé à plus de 300 000 le nombre de ces victimes.

Le rapport pointe les méthodes de pêche pratiquées en dehors des États-Unis qui contribuent au déclin des espèces en péril ou qui, pour certaines, les mènent directement au bord de l’extinction. Dans ses 48 pages, une partie est consacrée à dresser la situation de sept espèces: la baleine noire de l’Atlantique du Nord-Ouest, le marsouin vaquita dans le golfe de la Californie au Mexique, le cachalot en Méditerranée, le dauphin à long bec de l’océan Indien, les otaries en Nouvelle-Zélande, les marsouins communs dans les mers Baltique et Noire, et le stock J des petits rorquals du Pacifique du Nord-Ouest.

Depuis le Marine Mammal Protection Act

Il y une cinquantaine d’années, le constat avait été désastreux en ce qui concernait la pêche au thon pratiquée aux États-Unis qui tuait des millions de dauphins. En 1972, le Congrès a adopté le Marine Mammal Protection Act (MMPA), sous la pression du public et des organisations environnementales. Cette loi avait pour but de protéger dauphins, phoques, baleines et autres espèces dans les eaux états-uniennes et à l’étranger.

Depuis l’adoption de cette loi, toute importation de poissons et produits de la mer devrait apporter la preuve que la pêche n’a pas blessé ou tué un mammifère marin. Aux États-Unis, le contrôle s’effectue par des observateurs embarqués à bord des bateaux de pêche, un moyen qui manifestement n’est ni simple ni bon marché à mettre en œuvre par la majorité des pays. Le rapport estime que depuis plus de 40 ans la mesure 111 du MMPA n’a pas eu assez de force et que les industries de pêche étrangères n’ont pas investi suffisamment dans des matériels ou des pratiques de pêche épargnant les captures de mammifères. En livrant des chiffres d’affaires de la pêche commerciale et de l’aquaculture dans le monde, il considère que ces industries auraient les moyens de le faire. Il met en avant que les États-Unis ont réduit de 30 % en vingt ans leurs prises accidentelles.

Accent sur des régions et appel à l’action

Peu de pays échappent à l’analyse critique des auteurs. Le rapport passe en revue six régions du monde dans un chapitre qui s’ouvre sur le Canada, deuxième exportateur de poissons et fruits de mer vers les États-Unis après la Chine. Depuis l’instauration du moratoire sur la pêche à la morue et la fermeture de la pêche au filet maillant du saumon atlantique en 1992, la pêche au crabe des neiges et au homard a considérablement augmenté dans les eaux canadiennes. Le document rapporte le nombre des captures documentées de rorquals, de baleines noires et de marsouins communs empêtrés dans des casiers et leurs lignes. Le rapport compare les mesures de mitigation adoptées par les États-Unis et le Canada, et met en cause le gouvernement fédéral canadien, estimant qu’il n’a pas mis en place de mesures pour réduire les prises accidentelles des cétacés.

Le NRDC fait sept recommandations adressées au gouvernement fédéral, notamment celles de mieux définir les « standards états-uniens » pour qu’ils soient mieux respectés et mettre en application les sections 117 et 118 du MMPA qui portent respectivement sur l’évaluation des stocks et les prises accidentelles effectuées pendant les opérations de la pêche commerciale, visant un niveau proche de zéro en termes de mortalités et blessures de mammifères marins dans les cinq ans. Il préconise que des efforts soient réalisés en termes de partage et de recherche de données et d’expertise, afin que les pays puissent se conformer aux « standards ». Il appelle à l’action dans le but de rendre la loi états-unienne plus efficace.

Sources:

Sur le site du Natural Resources Defense Council (en anglais seulement):
Net loss: The Killing of Marine Mammals in Foreign Fisheries (NRDC report)

On a aimé ÉCOUTER:

Sur le site de PNR (en anglais seulement):
Le reportage audio (3 min 51 s): All things considered

Pour en savoir plus:

Sur le site de La Presse:
Pêche commerciale: rapport cinglant sur les « prises accidentelles »

Sur le site de NPR (en anglais seulement):
Whales, Dolphins Are Collateral Damage In Our Taste For Seafood

Sur le site de Baleines en direct:
Prises accidentelles dans les engins de pêche
Prises accidentelles (archives des actualités)

Actualité - 16/1/2014

Christine Gilliet

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