Que ce soit sur la Côte-Nord, en Gaspésie ou aux Îles-de-la-Madeleine, le son de cloche est le même: la glace est disparue, ce qui donne un allure de printemps hâtif au Saint-Laurent. Les Madelinots s’entendent pour dire que l’hiver a été exceptionnellement doux cette année, certains s’amusaient même à diffuser des images d’eux se baignant littéralement dans les eaux du Saint-Laurent à l’arrivée de la nouvelle année ou marchant pieds nus dans le sable à l’aube de février! Selon Environnement Canada, la température du mois de février a été de près de 5 °C supérieurs à la normale, avec une moyenne de -3,6 °C. L’Institut Maurice Lamontagne (IML) enregistre déjà les premiers signes du réchauffement printanier de l’eau du golfe Saint-Laurent au pourtour de l’archipel en l’absence de glace.

Cette condition pourrait avoir un impact sur la mise bas des phoques du Groenland. Lorsque les conditions de glace sont bonnes, en période de mise bas, on dénombre de 300 000 à 600 000 phoques du Groenland dans le golfe Saint-Laurent. Le 3 mars dernier, un troupeau estimé sommairement à 5 000 phoques du Groenland adultes et nouveau-nés, a été localisé à une quarantaine de milles au nord-ouest de l’aéroport des îles. Le chercheur scientifique Mike Hammill de l’IML note que les animaux se trouvent sur de la glace de bonne qualité, mais il anticipe néanmoins un haut taux de mortalité par noyade chez les nouveau-nés, exposés aux vagues et à la houle. Les conditions de glace sur les côtes du Labrador et du nord-est de Terre-Neuve seraient plus propices à la mise bas des phoques. Ainsi, M. Hammill s’attend à ce qu’une majorité de femelles donne naissance là-bas, naissances prévues aux alentours du 6 mars, soit une semaine plus tard que dans le golfe.

La glace n’a pas été assez solide ni sécuritaire pour permettre l’activité d’observation des blanchons qui devait se tenir du 24 février au 11 mars. Cette activité qui attire de plus en plus d’amateurs, particulièrement de l’Asie, a été annulée puis remplacée par une série d’activités telles que la pêche blanche et un safari photo.

Finalement, le réchauffement prématuré des eaux du golfe pourrait avoir une incidence sur la pêche au homard, activité économique majeure. La température de surface varie actuellement entre -5 °C et -7 °C. Selon les prévisions de l’IML, il y aurait deux semaines de décalage entre la température de surface et celle de l’habitat du homard (à 10 m de profondeur). Ces crustacés sortent de leur hibernation lorsque l’eau atteint 1,5 °C. Cette année, l’ouverture de la pêche devrait être autour du 30 avril. Ce sont 325 homardiers qui prendront la mer à l’aube. Chaque année, à Grande-Entrée, des activités s’organisent pour lancer le coup d’envoi: messe des pêcheurs, feu d’artifice, rendez-vous des travailleurs de la mer et départ des bateaux. Quelque 5 000 tonnes de homard sont pêchées annuellement en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine.

Observations de la semaine - 11/3/2016

Josiane Cabana

Josiane Cabana a été directrice du Centre d’appels du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins de 2011 à 2018. Entre les cas de mammifères marins morts ou en difficulté auxquels elle répond, elle aime prendre le temps de sensibiliser les riverains aux menaces qui pèsent sur ces animaux. Biologiste de formation, elle s’implique au sein du GREMM depuis plus de 15 ans, toujours avec la même passion!

Articles recommandés

Retour des baleines dans l’estuaire

Deux rorquals communs, quantité de bélugas, plusieurs petits rorquals, un rorqual à bosse… le décompte des baleines observées dans le…

|Observations de la semaine 18/4/2024

Les mammifères marins dans l’éclipse

Les bords du fleuve Saint-Laurent ont été bercés par des lumières de coucher de soleil lors de l’éclipse du 8…

|Observations de la semaine 11/4/2024

Des baleines d’avril

« Des rorquals communs aux Escoumins », commente une observatrice assidue, mais tout de même impressionnée : « Leurs souffles puissants…

|Observations de la semaine 4/4/2024