Quand les paléontologues ont trouvé les premières traces de cet animal aujourd’hui disparu, il n’y avait que des crânes. L’étude de ces crânes ne laissait aucun doute: Pakicetus était un cétacé, avec entre autres une structure unique et particulière au niveau de l’oreille interne. Les chercheurs l’ont alors classé parmi les premiers cétacés, une baleine ancienne, en quelque sorte. Quand, des années plus tard, ils ont mis la main sur des fossiles complets, quelle surprise: Pakicetus avait en fait de belles pattes de coureur, et l’analyse de son anatomie et de sa chimie indiquait clairement qu’il avait un mode de vie essentiellement terrestre. Alors, une baleine à pattes, plutôt terrestre qu’aquatique… Et pourquoi pas? On sait que l’ancêtre des baleines est terrestre, et que les cétacés ont fait un retour à l’eau il y a environ 50 millions d’années. De plus, les études génétiques montrent que les cétacés sont très près des artiodactyles, ces ongulés au nombre de doigts pair, comme la vache, le chameau et l’hippopotame. Et Pakicetus a justement des chevilles typiques des artiodactyles.
Progressivement, les descendants de ces premiers cétacés terrestres se sont de plus en plus tournés vers le milieu aquatique. Dans certains cas pour s’y réfugier en cas de danger, ou alors pour y manger, d’abord de la végétation puis exclusivement des animaux… Le trajet parcouru est encore flou et il manque plusieurs morceaux à ce complexe casse-tête. Mais, ce qui est certain, c’est que les adaptations se sont multipliées pour faire face aux contraintes imposées par ce milieu étrange pour un animal terrestre: les narines ont migré sur le dessus de la tête pour former l’évent. Les membres postérieurs ont disparus pour ne laisser que certains os enfouis dans les chairs. Les membres antérieurs sont devenus des nageoires, le nombre de phalanges a augmenté pour un meilleur contrôle de l’équilibre et de la direction. La perte de fourrure, un corps fuselé hydrodynamique et une queue horizontale comme propulseur sont d’autres adaptations développées pour la vie aquatique, donnant ainsi aux cétacés une allure bien différente de celle de leurs plus proches cousins.
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