Jaw-Breaker
Rorqual bleu
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Numéro d’identification
B246
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Sexe
Femelle
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Naissance
Inconnue
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Connu depuis
1991
Ses traits distinctifs
Jaw-Breaker fait partie des 15 à 18 % de rorquals bleus du Saint-Laurent qui montrent la queue quand ils plongent. C’est d’ailleurs lorsqu’elle lève la queue qu’on distingue la tache blanche située sur le rebord du lobe gauche de sa queue, du côté de son ventre.
Cette femelle présente en outre une nageoire dorsale particulièrement pâle, voire luisante.
Le patron de pigmentation de son dos permet également de confirmer son identité.
Son histoire
Jaw-Breaker est une femelle rorqual bleu bien connue de la Station de Recherche des iles Mingan (MICS). Bien qu’on l’observe souvent dans l’estuaire, elle n’est que très rarement observée dans le golfe.
Il semble que l’origine de son nom se soit perdue au fil du temps. Selon l’équipe du MICS, il y aurait peut-être un lien avec les bonbons durs appelés « jawbreakers » (casse-gueules en français), ou encore avec un comportement agressif qu’elle aurait montré envers d’autres rorquals bleus.
Historique des observations dans l’estuaire
Années pendant lesquelles l’animal n’a pas été observé Années pendant lesquelles l’animal a été observé
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B246, ou Jaw-Breaker, a ému plusieurs observateurs le 10 aout dernier lorsqu’elle a été aperçue près des Escoumins dans l’estuaire du Saint-Laurent. Cette première observation confirmée d’un rorqual bleu dans l’estuaire cette année est particulièrement excitante puisque Jaw-Breaker n’était pas seule : un veau l’accompagnait! Celui-ci a été surnommé « Nut-Cracker » par la Station de recherche des îles Mingan (MICS). Les paires mère-veau rorqual bleu sont très rarement observées dans le Saint-Laurent. Selon Richard Sears, président du MICS, cette paire serait la 35e à être recensée dans le fleuve en 44 ans. Jaw-Breaker est d’autant plus exceptionnelle que c’est la deuxième fois qu’elle amène un veau dans le secteur : en 2018, le MICS l’a documentée avec un baleineau dans le golfe du Saint-Laurent.
Mercredi dernier, l’équipe de recherche du GREMM a eu l’occasion de capter des images par drone pour mesurer les deux individus. Longue d’un peu plus de 22 m, Jaw-Breaker est plutôt petite pour une baleine bleue, qui mesure entre 21 et 28 mètres en moyenne. Généralement, les rorquals bleus de l’hémisphère sud sont plus longs que ceux de l’hémisphère nord, mais les femelles sont plus grosses que les mâles. Cette femelle de l’hémisphère nord reste toutefois une géante : l’envergure de sa nageoire caudale est d’environ 5 m, la taille d’un béluga! Son veau, qui aurait environ 6 mois, mesure déjà plus de 14,5 m.
Par Laure Marandet
Un souffle puissant, un dos gris-bleu interminable, et soudain, dans le ciel, une queue composée de deux larges palettes noires ornées d’une tache blanche. C’est l’effet Jaw-Breaker !
Connue depuis 1991, cette femelle rorqual bleu fait partie des vedettes du parc marin. C’est une fidèle de l’estuaire — on l’y croise presque chaque année — et l’une des rares baleines bleues du Saint-Laurent à lever la queue lorsqu’elle plonge. L’origine de son nom viendrait de patrons de coloration sur son dos, qui rappelleraient les bonbons durs « casse-gueule » (jaw-breaker en anglais). Mais il semble également bien correspondre à son caractère. « Je l’ai vue à plusieurs reprises avoir une attitude assez agressive avec des mâles qui s’approchent d’elle, s’amuse Richard Sears, de la Station de recherche des iles Mingan ( MICS). Une première fois, en compagnie de Biombre [une autre femelle rorqual bleu], Jaw-Breaker avait intimidé un mâle en soufflant et grondant. Une autre année, c’est Pulsar, un gros mâle, qu’elle a confronté en face à face. » Les chercheurs qui l’ont approchée en bateau pour effectuer une biopsie l’ont aussi trouvée d’humeur difficile.
Jaw-Breaker fait partie de la petite poignée de rorquals bleus qui se sont aventurés dans le parc marin cet été. Leur visite parait brève, mais pour une baleine bleue, l’estuaire est un espace tout petit, dans lequel elles zigzaguent à la recherche de poches de krill suffisamment riches pour leur appétit ; ces géantes peuvent en engloutir jusqu’à 4 tonnes par jour !
Cette semaine, nous vous présentons trois rorquals bleus qui ont pu être identifiés dans le parc marin récemment. On différencie les individus par le patron de coloration de leur dos. Aussi, dans le Saint-Laurent, 15 à 18% de ces rorquals montrent la queue lorsqu’ils plongent. C’est le cas de Jaw-Breaker : sa queue a une tache blanche facile à identifier, mais attention aux détails, elle n’est pas la seule à avoir une tache à cet endroit.
B093 est l’un des mâles les plus vieux connus et identifiés par la Station de recherche des iles Mingan (MICS) dirigée par Richard Sears. Identifié plusieurs fois dans l’estuaire, en 2012, B093 avait été observé au large de la Nouvelle-Écosse. Cette année, il a été observé par plusieurs croisiéristes, au large des Escoumins et des Bergeronnes. B197 fait aussi partie des rorquals bleus vus dans le parc marin ces dernières semaines. Quant à Jaw-Breaker, la vedette des croisiéristes a finalement été observée. Deux autres rorquals bleus ont aussi été identifiés dans l’estuaire ces dernières semaines : B275 et B236.
Les rorquals bleus sont des animaux que l’on observe souvent seuls. Mais dans le Saint-Laurent, ils forment parfois des paires, plus ou moins stables, au début de l’automne. Ces associations perdurent pour plus d’une journée, jusqu’à des semaines entières. D’après un suivi par biopsie du MICS, il s’agit le plus souvent d’un duo mâle-femelle. La formation de paires pourrait être un signe précurseur de la reproduction chez ces animaux qui a lieu au cours de la saison hivernale. Parfois, un deuxième mâle se joint au duo et les trois individus participent à ce que l’on appelle une rumba; la femelle nage à l’avant et les deux mâles compétitionnent pour être le plus proche d’elle. Après une course, qui peut durer plusieurs heures, un des mâles abandonne la course et l’autre devient l’escorte de la femelle. Est-ce que ces paires aboutissent réellement à une reproduction des deux individus? Une question difficile à répondre à court terme! En 2010, B093 avait été observé participant à l’une de ces rumbas.
Jaw-Breaker est une femelle rorqual bleu bien connue de la Station de recherche des îles Mingan (MICS). Bien qu’on l’ait observée plusieurs fois dans l’estuaire, elle n’a jamais été vue dans le golfe du Saint-Laurent. On reconnait Jaw-Breaker par la tache blanche sur la face ventrale de sa queue. Par contre, elle n’est pas le seul rorqual bleu à porter ce trait, il faut donc se fier à d’autres critères comme le patron de pigmentation de son dos pour confirmer son identité. Aussi, sa nageoire dorsale est claire, voire luisante. Seulement 15 à 18% des rorquals bleus lèvent la queue hors de l’eau lorsqu’ils plongent. Jawbreaker fait partie de ces individus. Cette saison, plusieurs excursionnistes et visiteurs ont pu observer ce mastodonte au large des Escoumins. Rare et fragile, le rorqual bleu est une espèce en voie de disparition, décimée par la chasse effrénée dans l’Atlantique Nord qui s’est terminée en 1955. Dans le parc marin, une distance de 400 m doit être respectée.
Le MICS étudie les rorquals bleus du Saint-Laurent depuis 1979. Dans l’Atlantique Nord-Ouest, du nord du détroit de Davis (entre le Canada et le Groenland) jusqu’aux Bermudes, le long de la côte est, ils ont identifié plus de 475 individus. Cette année, la recherche sur les rorquals bleus a fait un grand pas. Pour la première fois, un individu photo-identifié en 1984 dans le Saint-Laurent a été observé 30 ans plus tard dans les Açores puis de nouveau dans le Saint-Laurent, en Gaspésie, en 2015. Cette première mention documentée d’une migration d’un rorqual bleu sur l’axe est-ouest, entre le golfe du Saint-Laurent et la partie est de l’Atlantique Nord remet les choses en perspective. Mesurant 25 m de long et communiquant sur des centaines voire des milliers de kilomètres, ces géants vivent à une toute autre échelle.
Auteur : Camille Bégin Marchand
Jawbreaker est une fidèle de l’estuaire du Saint-Laurent depuis presque 25 ans. Elle a été observée à deux ou trois reprises au large de Matane et de la Gaspésie depuis que la Station de recherche des Îles Mingan (MICS) mène ses recherches sur cette espèce, débutées en 1979.
Cet été, elle a été aperçue près des Bergeronnes à partir de sites d’observation terrestres à la fin du mois de juillet. Sa tache blanche, présente sur le côté droit de sa nageoire dorsale, est facilement repérable de loin. Mais d’autres rorquals bleus ont une caractéristique semblable. L’équipe du GREMM a confirmé son identification le 5 août.
Autre particularité de comportement: elle soulève sa queue quand elle plonge, comme seulement 15 à 18 % des rorquals bleus. Ce qui nous permet de voir une tache blanche sur son lobe gauche.
On estime que 5 à 10 rorquals bleus sont présents dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent (PMSSL) ces temps-ci, une aire estivale d’alimentation très riche pour eux et capitale pour qu’ils fassent leurs réserves d’énergie pour le reste de l’année. C’est aussi une région exceptionnelle pour l’observation du plus gros animal ayant vécu sur terre: à partir de sites terrestres, et pour les excursionnistes et plaisanciers qui n’ont la plupart du temps qu’une courte distance à parcourir pour les voir.
Le rorqual bleu est classé en voie de disparition depuis 2002 au Canada. Dans le catalogue du MICS figurent 475 rorquals bleus de l’Atlantique Nord-Ouest que son équipe a identifiés en 35 ans, dont seulement 22 nouveau-nés. Cette population très fragile ne se rétablit pas depuis l’arrêt de la chasse instauré au début des années 1960. Il ne resterait que 250 adultes matures dans l’Atlantique Nord-Ouest.
L’équipe du parc marin demande à tous les navigateurs d’exercer une vigilance accrue en cette période de fort achalandage de rorquals bleus et autres mammifères marins. Quand ces baleines se regroupent dans un même secteur ou que les conditions en mer se dégradent, il faut réduire la vitesse et être à l’affût pour augmenter la distance avec elles. Parcs Canada a multiplié les messages aux usagers cette semaine: respecter le Règlement sur les activités en mer est une obligation légale visant à assurer la protection des mammifères marins et la sécurité des visiteurs.
Jawbreaker est un des rorquals bleus qui affectionnent particulièrement l’estuaire du Saint-Laurent: bien connue des chercheurs du MICS, elle n’a pourtant jamais été vue dans le golfe. Elle montre habituellement la queue au moment de plonger, un trait de personnalité qu’elle partage avec environ 15 à 18 % des individus de son espèce photographiés dans le Saint-Laurent.
Depuis le début de l’été, le GREMM dénombre au moins quatre rorquals bleus différents dans le parc marin, incluant Jawbreaker. Celle-ci est observée de temps à autre depuis le 25 juin. Nomades, les rorquals bleus se déplacent constamment à la recherche des meilleures talles de krill, ce petit crustacé planctonique qui se rassemble en immenses « nuages », sous l’effet des courants, des marées et des reliefs sous-marins.
Pourquoi « Jawbreaker »? Il semble que l’origine de son surnom se soit perdue au fil des ans! Consultée, l’équipe du MICS pense qu’il y a peut-être un lien avec ces bonbons durs surnommés « jawbreakers », ou alors avec un comportement agressif qu’elle aurait eu envers d’autres rorquals bleus.
Le rorqual bleu est en péril avec environ 250 individus matures dans le Saint-Laurent. Le dérangement par les bateaux pourrait nuire à son alimentation. Dans le parc marin, ces animaux jouissent d’une protection accrue: les bateaux se doivent de rester à plus de 400 m d’eux. En dehors des limites du parc marin, les entreprises membres de l’Alliance Éco-Baleine se sont engagées à respecter ces mêmes limites pour mieux les protéger.
Auteur : Christine Gillier – Mots et Marées
Cette femelle rorqual bleu a été observée dans plusieurs secteurs de l’estuaire au mois d’août. Jawbreaker fait partie du 15 à 18 % des rorquals bleus du Saint-Laurent qui montrent la queue quand ils plongent. C’est d’ailleurs lorsqu’elle lève la queue qu’on distingue la tache blanche qu’elle a sur le rebord du lobe gauche de sa queue, face ventrale. Elle se distingue aussi par sa nageoire dorsale blanche. Attention ! D’autres rorquals bleus présentent cette particularité. Cette visiteuse régulière de l’estuaire, connue depuis 1991, n’a manqué à l’appel qu’à deux reprises, en 1992 et 2000, et à ce jour, elle n’a jamais été photographiée dans le golfe.
Du 25 au 30 août se déroulait le projet de suivis des rorquals bleus dans l’estuaire, une collaboration du GREMM, MICS et MPO. L’objectif : connaître les habitudes alimentaires de ces géants. Le 25 août à 13 h 46 au large de la baie de Bon-Désir, l’équipe du Bleuvet posait un émetteur radio sur le dos de Jaw Breaker. Le lendemain à 5 h 49, cet émetteur se détachait. Toutefois, avec les forts vents qui soufflaient sur l’estuaire, ce n’est que le lendemain matin, le 27 août, qu’il a pu être récupéré au large de l’île Rouge. Et que nous révèle cette filature sous-marine de 16 heures ? Selon les premières analyses, Jawbreaker alternait alimentation de surface et plongées profondes allant jusqu’à une centaine de mètres, alors que la nuit, elle se tenait à une quinzaine de mètres de profondeur. Et selon les comportements et les vitesses de nage de l’animal, sur les 898 plongées suivies, 160 étaient des plongées d’alimentation.
La ligne pointillée représente les déplacements du Bleuvet qui suivait, à une distance de 400 à 600 mètres, Jaw Breaker le 25 août entre 13 h 46 et 19 h. Mieux comprendre les comportements et déplacements de ses géants contribue à mieux comprendre leurs besoins, et appuyer les mesures de protection sur des assises scientifiques solides.