La Station de recherche des iles Mingan (MICS) lance un nouveau projet d’observation des cicatrices dues à l’empêtrement des rorquals communs dans le matériel de pêche. Le projet se fera en collaboration avec Pêches et Océans Canada ainsi qu’avec une firme spécialisée en drones, Terresky. Ces cicatrices, malheureusement fréquentes sur les baleines, sont causées par des cordages et des filets de pêche dans lesquels l’animal reste coincé.
Un phénomène répandu
L’empêtrement des cétacés dans le matériel de pêche est l’une des principales menaces d’origine humaine auxquelles font face les baleines. La moitié des rorquals à bosse se sont déjà empêtrés au moins une fois au cours de leur vie alors que c’est le cas pour 83% des baleines noires de l’Atlantique Nord (Anderson Cabot Centre for Ocean Life). Les biologistes arrivent à dénombrer les épisodes d’empêtrement à l’aide des cicatrices observées lors de la photo-identification : en prenant des photos pour identifier l’individu auquel ils font face, ils peuvent aussi dénombrer les cicatrices.
Cependant, les zones les plus vulnérables à l’empêtrement chez les baleines se trouvent rarement exposées à la lentille des biologistes, particulièrement chez les espèces qui ne lèvent pas leur queue au moment de plonger, comme le rorqual commun. Pour détecter les empêtrements chez ces espèces, l’équipe du MICS développe une nouvelle méthode où les baleines sont observées de haut, à l’aide d’un drone. Christian Ramp, coordonnateur de recherche du MICS, explique qu’on estime le taux d’empêtrement du rorqual commun entre 5 et 10%. « À mon avis, c’est fortement sous-estimé en raison des difficultés techniques de repérer les cicatrices sur cette espèce. On ignore combien de rorquals communs sont réellement sujets à l’empêtrement. »
Manier le drone
Les images fournies par le drone offrent une toute nouvelle perspective. Au lieu de ne voir que la partie émergée de l’animal, l’équipe du MICS a un aperçu du menton à la queue. Les photos prises par les drones sont donc assez précises pour reconnaitre chaque baleine individuellement, mais aussi pour dénombrer les entailles causées par un engin de pêche.
Deux semaines après le début du projet, Christian Ramp espère filmer jusqu’à une centaine de rorquals communs pour mettre au point cette nouvelle méthode et évaluer leur taux d’empêtrement. Le MICS espère pouvoir poursuivre le suivi pour encore deux années.