Au début septembre, une barge était présente au phare du Haut-Fond Prince : l’équipe à son bord réalisait des activités de forage pour déterminer la nature du sol en vue d’éventuels travaux de restauration du phare. Mais nos baleines, dans tout ça ?

Permettez-moi d’abord de vous parler des suricates. Petits mammifères terrestres des déserts du sud de l’Afrique, les suricates ont évolué d’une façon pour le moins originale : ils possèdent dans leurs rangs des sentinelles. Ces observateurs ont un rôle clef dans la survie de la colonie. En se relayant au poste de garde, ils surveillent l’arrivée de prédateurs afin de prévenir leurs proches d’un éventuel danger. Alors tel un suricate à mon poste de garde, je suis devenu Observateur de Mammifères Marins (OMM).

Les OMM ont pour mandat de scruter l’horizon en vue de déceler toute présence de cétacés ou d’autres espèces faisant l’objet de mesures de mitigation édictées dans les certificats d’autorisation. Le but : protéger les mammifères marins. Le travail d’un OMM consiste à surveiller et à faire appliquer les directives des ministères sur un site de travaux maritimes qui peuvent avoir un impact sur les mammifères marins présents dans le secteur. Afin de faire respecter les directives émises dans les certificats d’autorisation, l’observateur ou l’observatrice se doit de demander au responsable du chantier de retarder le début des travaux ou encore de les faire arrêter en présence des espèces ciblées à l’intérieur des limites de la zone d’exclusion. De même, lorsque les conditions météorologiques (vagues, brouillard, luminosité, etc.) ne permettent pas de déceler leur présence, l’observateur applique les mêmes mesures de mitigation. Dans certaines situations, en cas de visibilité réduite, des observateurs spécialisés dans l’acoustique passive peuvent prendre le relais et observer la zone grâce aux technologies du son.

Durant l’activité de forage au phare du Haut-Fond Prince, j’étais donc présent en tant qu’OMM pour le Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM), qui a été mandaté par la firme d’ingénierie pour appliquer le programme de surveillance des cétacés. Les travaux ont dû être momentanément arrêtés à plusieurs reprises en raison de la présence de bélugas dans la zone d’exclusion ou encore de mauvaises conditions météorologiques m’empêchant de déceler leurs présences.

Être payé pour observer les baleines : un emploi de rêve ? Certes, il y a des journées très agréables en présence de soleil et d’une mer d’huile. Mais le travail d’OMM n’est pas toujours de tout repos ! Été comme hiver, il faut faire face aux intempéries et ne pas se laisser décourager par des températures peu clémentes. De plus, il est parfois difficile de rester attentif pendant de longues périodes, sans lâcher notre zone d’observation de vue, en enchainant de longues journées de travail.

Comment devenir OMM ?

Plusieurs formations permettent de devenir certifié comme OMM, et ce, un peu partout sur la planète. L’une d’elles est donnée au Québec par le ROMM, en collaboration avec l’École des pêches et de l’aquaculture du Québec. Elle a pour but d’octroyer des connaissances sur l’identification et la biologie des mammifères marins et d’enseigner les notions de base de ce travail. Entre théorie et pratique, cours d’observation visuelle et d’acoustique passive (PAM), cette formation offre une base solide pour exercer ce métier.

Pour plus d’informations : www.mmo-omm.ca.

Carnet de terrain - 16/10/2017

Mathieu Marzelière

Mathieu Marzelière s’est joint à l’équipe du GREMM en 2017 comme assistant de recherche bénévole pour le programme de recensement photographique des grands rorquals du parc marin. Depuis, il est assistant de recherche technicien pour les projets de recherche sur les bélugas. Mathieu a aussi été observateur de mammifères marins (OMM) sur des sites de construction maritime.

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