Mise à jour
Le 6 juin en après-midi, le vétérinaire Stéphane Lair a effectué un examen externe sommaire sur le petit rorqual. Il a été confirmé qu’il s’agit d’un petit rorqual mâle, probablement âgé de moins d’un an. L’état de décomposition de la carcasse étant trop avancé, il n’a pas été possible d’effectuer une nécropsie complète. Des prélèvements ont tout de même été pris pour qu’une chercheuse de l’Institut Maurice-Lamontagne de Pêches et Océans Canada puisse compléter différentes analyses, notamment au niveau hormonal et de la composition de la diète.
Si la cause exacte du décès demeure inconnue, la carcasse n’a aucune trace de collision avec un navire ou d’empêtrement dans un engin de pêche. Vu le jeune âge du petit rorqual, l’hypothèse la plus probable serait qu’il n’ait pas réussi à s’alimenter seul après son sevrage.
Quant à sa présence à Lévis, un secteur inhabituel pour les baleines, l’explication la plus plausible demeure qu’un navire ait trainé à sa proue la carcasse flottante de l’animal. Un tel cas avait mené une carcasse de rorqual jusque dans le port de Montréal.
À noter, il est rare de voir des petits rorquals mâles dans le Saint-Laurent. La première observation d’un mâle a été confirmée en 2004. Habituellement, ce sont des femelles gestantes qui fréquentent l’estuaire durant l’été. Même la présence de jeunes est assez inhabituelle. Toutefois, avec l’échouage d’un jeune petit rorqual mâle en mai 2016, d’un autre en juin 2017 et de la présence d’une paire mère-veau près de Tadoussac actuellement, une nouvelle tendance pourrait se dessiner. Verra-t-on un changement dans l’utilisation de l’estuaire par les petits rorquals? Les années et les observations nous le diront.
Pour entendre les entrevues de Stéphane Lair dans les médias
Rorqual échoué à Lévis, entrevue avec Stéphane Lair, vétérinaire (Première heure, Radio-Canada, 07/06/2017)
Un autre petit rorqual s’échoue sur les berges du fleuve à Lévis (Radio-Canada, 06/06/2017)
Un cadavre de rorqual retrouvé échoué à Lévis (TVA Nouvelles, 06/06/2017)
Une deuxième carcasse de petit rorqual en un an à Lévis
Un pêcheur de la région fluviale a rapporté à Urgences Mammifères Marins une carcasse de baleine de l’espèce «petit rorqual», à la dérive sous le pont Pierre-Laporte dans le secteur du Parc de la Chaudière lundi après-midi. La carcasse a fini sa course dans la zone inondable et des photos fournies par le pêcheur ont révélé qu’il s’agissait d’un petit rorqual de petite taille, soit un juvénile. Cette histoire n’est pas sans rappeler l’échouage de cet autre petit rorqual juvénile en mai 2016 pratiquement dans le même secteur aussi à Lévis.
Intérêt pour la science
Les baleines qui appartiennent à la famille des rorquals font l’objet de projets scientifiques par les chercheurs du ministère Pêches et Océans Canada (MPO). Ces baleines ont des structures poilues sur la mâchoire supérieure qui sert à filtrer l’eau pour en retirer leurs proies (plancton et poissons). Ces fanons, une fois analysés en laboratoire, peuvent servir à retracer entre autres le régime alimentaire de la baleine. Souvent, ces structures poilues se décrochent rapidement de la carcasse suite à la décomposition de la gencive, mais dans le cas du jeune petit rorqual échoué à Québec, ses fanons sont encore présents et intacts. Les chercheurs du MPO planifient actuellement de prélever des échantillons sur l’animal. En plus des fanons, des morceaux de peau, de gras et de muscle pourraient être prélevés sur la carcasse à des fins d’analyse génétique et toxicologique.
Échouage inusité
Les baleines ne fréquentent généralement pas le secteur fluvial du Saint-Laurent, mais bien l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent, où l’eau est froide et salée et où les proies préférentielles de ces géants se trouvent. Qu’est-ce que ce petit rorqual peut bien faire dans la région de Québec? C’est la question qui surgit dans la tête de l’équipe d’Urgences Mammifères Marins et aucune explication n’est avancée pour l’instant. Le vétérinaire du Centre québécois de la santé des animaux sauvages, Stéphane Lair, aussi vétérinaire attitré à l’Aquarium du Québec, se rendra sur le site en fin de journée accompagné de bénévoles d’Urgences Mammifères Marins afin de documenter au mieux cet échouage. Une attention particulière sera portée entre autres sur des marques rondes bien visibles sur la peau de la baleine qui font penser au poxvirus, une maladie cutanée contagieuse.Des données seront aussi récupérées sur la taille de l’animal, son sexe et sur d’autres observations corporelles externes intéressantes.
Une histoire inusitée à suivre!