Pour travailler sur les baleines, son parcours s’est tracé entre la Californie, le Michigan, l’Écosse, pour finalement l’amener au Québec! Meredith Sherrill est étudiante à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) où elle complète un doctorat sur les bélugas. Dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, elle nous partage ses expériences, les défis auxquels elle a été confrontée et sa vision sur la place des femmes en science.
Son projet de recherche consiste à développer une méthode permettant d’estimer les réserves énergétiques des bélugas à partir de l’indice de masse mise à l’échelle (MME) chez les bélugas de l’estuaire du Saint-Laurent, et de l’associer à leur profil lipidique. Quand elle en parle, on voit tout de suite les étoiles briller dans ses yeux. Elle espère aussi que des étincelles pourraient s’allumer dans le regard des jeunes filles qui souhaitent travailler en science.
Parle-nous un peu de ton parcours
Je pense que mon parcours est peut-être un peu différent. J’ai toujours aimé les sciences et j’ai fait mon baccalauréat au Michigan, avec une concentration en biologie cellulaire et en biochimie. Vers la fin de nos études, on était tous obligés de faire un stage et je n’étais pas intéressée à travailler dans un laboratoire tout l’été. J’ai donc contacté une organisation qui s’appelle le Marine Mammals Center, qui n’est pas loin d’où j’ai grandi en Californie. Je leur ai demandé s’ils avaient quelque chose que je pourrais faire. J’ai eu la chance d’avoir une opportunité! J’ai pu travailler avec une étudiante vétérinaire. C’était mon introduction au monde des mammifères marins.
Ensuite, j’ai fait ma maîtrise sur les mammifères marins en Écosse. Une fois terminée, j’ai eu plusieurs emplois, comme travailler pour le réseau d’urgence pour les mammifères marins en Californie.
Après quelques années, j’ai tenté de trouver un emploi un peu plus en recherche ou un doctorat, mais il n’y avait rien. J’ai décidé de changer de direction et j’ai commencé à travailler comme technicienne en santé animale pour avoir plus de stabilité. Quand j’ai vu le doctorat, je me suis donné une dernière chance. Pourquoi pas? Finalement, contre toute attente j’ai obtenu le poste et j’ai dit oui!
Comment as-tu vécu cette découverte du monde des mammifères marins?
C’est un peu parce que j’ai grandi en Californie, où les phoques et les otaries étaient toujours présents. Quand j’étais à l’école primaire, je suis tombée amoureuse des mammifères marins, mais j’ai toujours pensé que c’était un emploi « trop cool » pour moi, ce n’était pas vraiment atteignable. C’est après avoir fait mon baccalauréat, quand je me suis rendu compte que je ne voulais pas travailler dans un laboratoire à temps plein, que je me suis dit que j’allais tenter ma chance.
Est-ce qu’il y a un souvenir lié à ton doctorat que tu aurais envie de nous partager?
J’ai deux souvenirs que j’aurais envie de partager. Une fois, on était sur le bateau de recherche et on a pris une pause d’une quinzaine de minutes pour observer. Il y avait des mammifères marins partout, des rorquals à bosses, des petits rorquals, des marsouins, des bélugas… J’aime juste écouter les souffles, être proche de ces animaux géants, c’est incroyable.
Un autre exemple un peu différent est une journée où on est sortis en équipe. On a fait du drone, de la photo-identification, des biopsies, et c’était vraiment impressionnant de voir toute l’équipe qui travaillait ensemble. On jouait un peu la chaise musicale, mais ça fonctionnait!
Quels sont les défis auxquels tu es confrontée?
D’un point de vue scientifique, ce qu’on tente de faire est assez novateur et nouveau, car il n’y a pas beaucoup de références. Quand j’ai des questions, parfois c’est difficile de trouver quelqu’un pour y répondre. Pour moi, c’est vraiment un défi, car je veux que le travail soit bien fait. C’est difficile de prendre les méthodes qui sont faites pour les grandes baleines et de les adapter pour les bélugas. La masse mise à l’échelle, ce n’était pas quelque chose qui avait vraiment été fait. Parfois c’est stressant, et ça fait beaucoup de poids sur les épaules!
Comment vois-tu la place des femmes en sciences et comment les encourager à s’engager davantage dans le domaine scientifique?
Je pense que les femmes sont encore sous-représentées en science ou dans les mathématiques en général, mais j’ai quand même l’impression que ça change. Mes expériences sont différentes de celles des femmes qui sont plus jeunes ou de celles qui ont dix ou vingt ans de plus. Ça évolue quand même rapidement.
Je pense aussi que c’est important de voir d’autres femmes en science, et surtout dans des postes de direction ou de gestion. Doucement, ça va continuer à changer. Il faut continuer de les encourager et de leur faire voir que tous les horizons sont possibles.