Pour la première fois, l’utilisation d’un sédatif a aidé à libérer une baleine noire empêtrée dans des engins de pêche. Ce sédatif développé par la Woods Hole Océanographic Institution (WHOI) en collaboration avec la National Ocean and Atmospheric Administration (NOAA), l’Université de Floride et l’école vétérinaire de l’Université du Wisconsin a permis à l’équipe de s’approcher de la baleine et de couper 90 % des cordes enroulées autour de sa gueule.

Cette baleine noire, connue des chercheurs de la New England Aquarium, avait été repérée à la mi-janvier au large de Brunswick en Géorgie par une équipe de surveillance aérienne de la Georgia Wildlife Trust. Grâce à une bouée équipée d’un émetteur satellite, ses déplacements ont pu être suivis. Au cours des semaines suivantes, plusieurs tentatives de désempêtrement ont été faites, mais sans succès. Le 5 mars dernier, l’animal recevait une plus forte dose du sédatif que les essais précédents. Les effets recherchés sont apparus le lendemain : la baleine était suffisamment calme pour se laisser approcher.

Malgré un pronostic incertain, l’animal a maintenant une plus grande chance de survie. Pour Michael Moore, vétérinaire et biologiste pour la WHOI, ce sédatif est un outil précieux pour faciliter ces manœuvres déjà fort complexes. La principale difficulté lors de ces tentatives est l’approche de l’animal : les baleines noires ont un comportement agressif et dangereux. De plus, le sédatif minimise le stress occasionné par les approches répétitives du bateau autour de la baleine. Toutefois, il reste un outil et non pas une solution à la problématique des menaces humaines qui pèsent sur la baleine noire de l’Atlantique Nord.

L’UNE DES GRANDES BALEINES LES PLUS MENACÉES

Malgré une protection internationale, la baleine noire est encore victime des activités humaines, soit les collisions avec les navires et les empêtrements dans les engins de pêche. C’est environ 70 % des baleines noires qui portent des blessures ou des cicatrices causées par les engins de pêche. Au mois de février, la NOAA rapportait un record alarmant : 5 prises accidentelles de baleines noires dans les engins de pêche depuis le début de l’année 2009, le double du taux normalement observé.

Malgré cette alarme, la NOAA rapportait également des nouvelles encourageantes. Au cours de la dernière année, aucune baleine noire n’est morte en raison d’activités humaines, probablement une première depuis le 17e siècle. De plus, la NOAA a dénombré cette année 39 naissances, ce qui surpasse le record précédent établi à 31 naissances en 2001. Pour les chercheurs, c’est peut-être un signe d’espoir pour cette espèce menacée. Par ailleurs, plusieurs mesures visant à réduire la menace humaine sur les baleines noires s’établissent progressivement aux États-Unis et au Canada. Les limites de vitesse et les voies de navigation ont été modifiées dans des zones fréquentées par les baleines noires et les efforts pour réduire les prises accidentelles dans les engins de pêche se poursuivent. Après le Massachusetts, c’est au tour du Maine d’exiger que les pêcheurs de homard utilisent des lignes de fond faites de matériaux plus lourds, les empêchant ainsi de flotter et de poser des risques d’empêtrement pour les baleines noires. Au Canada, le gouvernement en collaboration avec les pêcheurs poursuit les recherches pour tenter de développer des alternatives aux engins de pêche conventionnels.

Actualité - 19/3/2009

Équipe du GREMM

Dirigée par Robert Michaud, directeur scientifique, l’équipe de recherche du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM) étudie en mer les bélugas du Saint-Laurent et les grands rorquals (rorqual à bosse, rorqual bleu et rorqual commun). Le Bleuvet et le BpJAM quittent chaque matin le port de Tadoussac pour récolter de précieuses informations sur la vie des baleines de l’estuaire du Saint-Laurent.

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