Cette nouvelle mesure de l´état des eaux territoriales de 171 pays intègre des données d´évaluation biologique, économique, sociale et politique. Cet outil évalue ainsi la capacité des populations humaines à exploiter les océans d ‘une façon durable. L´approche choisie pour créer cet index est controversée, certains jugeant notamment que la conservation des océans n´a pas été suffisamment évaluée.

Cet index, l´Ocean Health Index (OHI), créé par un panel de scientifiques états-uniens et canadiens, a fait l´objet d´une publication le 15 août 2012 sur le site Internet de la revue Nature (An index to assess the health and benefits of the global ocean) et la création du site Internet Ocean Health Index

Pour le réaliser, les chercheurs ont mis au point un système de scores par pays, prenant en compte autant la santé des océans que les bénéfices qu´ils peuvent apporter aux populations humaines. Ce n´est donc pas un index portant seulement sur la qualité des eaux, la richesse de la biodiversité et l´état des espèces marines, car ses auteurs ont pris en compte des facteurs écologiques, sociaux, économiques et politiques pour chaque pays et les ont compilés pour le calcul du score.

Des scores par rapport à dix objectifs

La mesure de 0 à 100 a été réalisée sur la base de dix objectifs atteints, notamment la qualité de l´eau, la pêche artisanale, la fourniture de nourriture, les capacités de séquestration du carbone, le tourisme et la biodiversité; le score 100 étant la valeur optimale de l´objectif. Selon les auteurs, ces dix objectifs représentent l´étendue des bénéfices qu ‘un océan en santé fournit à ses populations humaines et le score de chaque pays est la moyenne de ces dix objectifs.

Les chercheurs ont donc classé 171 pays et territoires avec les océans qui les bordent, jusqu´à la limite de 200 miles marins de la côte de chaque pays, une zone de contrôle économique exclusif de ce pays. Ainsi, les pleines mers et océans en zone internationale, ainsi que l´Antarctique, n´ont pas été pris en compte.

La controverse

Avant même la publication de l´index, l´approche choisie pour la création de ce nouvel index a suscité la controverse dans la communauté scientifique. Certains collaborateurs de la première heure ont quitté le projet et des publications relatives à l´index ont été d´abord rejetées. Selon les détracteurs ou critiques de l´index, c´est surtout le facteur
« conservation de la nature » qui a été insuffisamment pris en compte. D´autres estiment que les indices servant au calcul des scores ne permettent pas de juger de l´équilibre entre les activités humaines, l´exploitation des ressources et la bonne santé des écosystèmes marins.

Pour Benjamin S. Halpem, le principal auteur et porte-parole de l´équipe, un océan en santé aujourd´hui ne correspond pas à la vision d´une nature ayant conservé sa « pureté d´origine », en dehors de la présence de l´humanité. Selon lui, chercher à retrouver cet état originel est impossible au 21e siècle et même contre-productif. Ce nouvel outil a pour objectif de fournir des données pour aider les pays à prendre des décisions politiques, pour la santé des océans et leur gestion durable, surtout ceux qui se sont engagés à améliorer la santé des océans.

Les scores de quelques pays autour d´une moyenne de 60 sur 100

Les pays ayant le plus fort score sont ceux qui ont le mieux atteint ces objectifs, ce qui révèle donc ce qui a marché et ce qui nécessite de l´attention, tel qu´on peut le lire sur la première page du site Internet du OHI. La moyenne des scores tourne autour de 60, le plus faible étant 36 (Sierra Leone) et le plus fort 86 (l´île Jarvis, un territoire des États-Unis dans le Pacifique). On trouve l´Allemagne en quatrième position avec un score de 73, le Canada est classé neuvième avec 70 points (à égalité avec les Pays-Bas), la France 18e (66 points) et les Etats-Unis 26e (63 points).[Nature, OHI, National Geographic, Agence Science Presse, Actu-Environnement, Scientific American, La Presse]

En savior plus

Sur le site de Futura-Environnement : La santé mondiale des océans obtient un 6 sur 10

Actualité - 23/8/2012

Christine Gilliet

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