Un béluga nommé ironiquement Hvaldimir Hval pour Baleine en norvégien a été vu pour la première fois en 2019 au large de Hammerfest, en Norvège. La baleine blanche, âgée de 13 à 14 ans, a été revue récemment en mai 2023 au large de la Suède, soit beaucoup plus au Sud. Plusieurs hypothèses sur son origine se sont fait entendre, dont une a particulièrement retenu l’attention. Pourrait-il être un béluga espion en cavale au service de la Russie? Même s’il est impossible de confirmer la provenance de ce béluga vagabond, sa présence ouvre la porte à un sujet hors de l’ordinaire : les animaux utilisés par les armées.   

Hvaldimir a été vu pour la première fois coiffé d’un harnais équipé d’un socle pour y mettre une petite caméra sur lequel il était écrit «Equipment St. Petersburg» lors de sa première apparition en 2019 aux portes de l’Arctique. Celui-ci se serait approché d’humains et aurait tenté de nouer des liens avec eux. Selon l’hypothèse la plus populaire, il proviendrait de la mer de Barents, zone stratégique où les Occidentaux et les Russes épient les mouvements des sous-marins opposés. D’autres hypothèses suggèrent qu’il pourrait appartenir à un parc d’attractions en Floride aux États-Unis, ayant une ville du nom de St-Petersburg. Malgré tout, la réapparition récente de l’animal amaigri vers le Sud inquiète les scientifiques. L’ONG qui le suit redoute qu’il ait du mal à se nourrir dans cette zone moins septentrionale.

Les mammifères marins utilisés à des fins militaires

Ce ne serait pas la première fois qu’un événement semblable se produirait. En janvier 1992, un béluga aurait quémandé des poissons dans un port de pêche turc de la mer Noire. Ce béluga amical à été surnommé Aydin («lumineux» en turc) dans les médias. Il s’est avéré que ce béluga, dressé dans le cadre d’un programme d’espionnage russe, s’était échappé à deux reprises d’une base militaire en Crimée à l’occasion d’une tempête. Les spécialistes ont remarqué que ses dents avaient été limées pour attraper de gros objets comme des mines magnétiques. Ce cétacé était donc capable de poser des mines sur la coque des navires ennemis. Les Russes sont parvenus à le récupérer une première fois, mais pas la seconde. 

À plusieurs reprises la Russie a été suspecté d’entraîner des mammifères marins pour l’armée. En effet, à l’époque soviétique, il y aurait eu un centre pour dauphins militaires au port de Sébastopol. Ces mammifères marins auraient été formés pour analyser les fonds marins, défendre les plans d’eau, attaquer des plongeurs ennemis ou même poser des mines sur la coque de navires selon un expert de l’armée russe, le colonel Viktor Baranets. Dans ce vaste centre, un programme était consacré à l’entraînement de dauphins de combat. Différents instruments étaient expérimentés sur les dauphins dans le but d’accroître davantage leur capacité sous l’eau. Ils ont été formés pour patrouiller en eau libre et attaquer ou attacher des bouées a des éléments militaires. Il s’agit d’un des deux plus grands centres d’entraînement de mammifères marins au monde. 

 

Où se trouve donc le deuxième? L’armée américaine disposerait, elle aussi, depuis les années 60, d’une unité de mammifères marins, composée entre autres de dauphins et d’otaries, entraînés pour détecter des intrus ou des objets suspects. En effet, les dauphins sont parmi les meilleurs pour détecter des mines avec leur capacité d’écholocalisation exceptionnelle. Ils ont aussi été entraînés à ne pas s’approcher des mines, mais à déployer une bannière flottante permettant ainsi au plongeur de connaître sa position pour la désamorcer. Les otaries, quant à elles, avec leur vue perçante, sont capables de détecter très facilement des objets. Aujourd’hui, il semblerait que les mammifères marins de ces centres soient retraités, ayant été remplacés par la technologie.  

Les animaux au service de l’humain depuis l’antiquité

Il n’y a pas seulement les mammifères marins qui ont été utilisés à des fins militaires. En effet, il y a aussi eu les cochons couverts d’une substance enflammée que les romains utilisaient afin de lutter contre des chars d’assauts vivants ennemis, c’est-à -dire, des éléphants. Des chevaux ont aussi été utilisés à l’époque dans le but de déceler de la fumée toxique ou de repérer des soldats blessés sur le champ de bataille. Le meilleur ami des humains, le chien, a longtemps et est toujours utilisé aujourd’hui pour son odorat hors du commun. Il est autant détecteur de mines que sentinelle ou même secouriste. 

Les pigeons ont aussi eu leur moment de gloire. Ces oiseaux dotés d’un formidable sens de l’orientation étaient entre autres envoyés comme messagers, mais aussi comme espions équipés d’un mini-appareil photo. Parmi les plus populaires pigeons de guerre se retrouve entre autres G.I. Joe, un Américain, et Paddy, un Irlandais. Paddy a d’ailleurs volé 370 kilomètres en 4h50 minutes  seulement afin d’apporter des informations vitales sur les progrès des Alliés. Il a été le pigeon le plus rapide à atteindre l’Angleterre avec un message codé depuis les plages du front de bataille de Normandie. Cela lui a d’ailleurs valu une médaille en 1944. Comme quoi les animaux militaires attirent l’attention depuis longtemps!

Actualité - 22/6/2023

Myriam Demers

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