Le froid s’installe graduellement sur le Québec. Le vent du Nord souffle, annonçant la saison automnale et, avec elle, une température de plus en plus rigoureuse. Au cours de la semaine, des rafales puissantes et de hautes vagues ont limité les sorties sur l’eau. Malgré tout, la vie bat toujours son plein dans le Saint-Laurent.

Les rorquals à bosse, toujours aussi présents

Même si la météo n’a pas été des plus clémentes ces derniers jours, les rorquals à bosse ont su se rendre visibles! Plusieurs dizaines d’individus ont été observés dans l’estuaire, entre Tadoussac et les Escoumins, et ont offert tout un spectacle : de nombreux breachs, des claquements de pectorales, et de longs battements de queue ont ravi les observateurs.

Parmi les rorquals à bosse se trouvaient plusieurs inconnus en attente d’une identification, mais aussi quelques baleines identifiées, telles que Tic Tac Toe, Gaspar, Helmet, Sensor (H904) ou encore Piranha (H590). Cette dernière a d’ailleurs été observée en compagnie d’un veau, ce qui en ferait la septième paire femelle-baleineau dans l’estuaire pour la saison.

À l’image du reste de la saison, les rorquals à bosse ont encore une fois été très abondants dans le parc marin du Saguenay-Saint-Laurent cette semaine, mais un individu a surpris plusieurs observateurs en breachant au large de Cacouna. « C’est rare dans ce coin! », s’exclame Jade Brossard, du Réseau d’observation des mammifères marins (ROMM).

Pour la première fois depuis quelques années, une riveraine a pu observer trois rorquals à bosse depuis le quai de Port-au-Persil. « Ça faisait quelques années que les petits rorquals ne s’étaient pas aventurés jusqu’ici, raconte-t-elle. Les bélugas sont fidèles au rendez-vous de nos 5 à 7 au quai, mais on s’attristait de l’absence des dos foncés. Depuis deux semaines, on retrouvait petits rorquals et phoques en plus des dos blancs. Mais là, quelle surprise!» L’une des baleines à bosse s’est même approchée à moins de 10m du quai!

La surabondance de rorquals à bosse dans la région est sujette à nombre d’hypothèses et de spéculations. Le rétablissement de la population suite à la fin de la chasse joue très certainement un rôle important, mais les changements de répartition des ressources alimentaires pourraient aussi être un facteur. Y a-t-il une quantité exceptionnelle de nourriture dans l’estuaire cette année? Ou les stocks dans leurs autres aires d’alimentation sont-ils plus bas que d’habitude? Difficile à dire.

Les autres rorquals, quant à eux, se sont faits un peu plus discrets dans les derniers jours. Des petits rorquals ainsi que quelques rorquals communs ont été aperçus au large des Escoumins, mais les rorquals bleus, eux, brillent par leur absence. « Il n’y pas de de grands souffles à l’horizon, mais j’ai vu des marsouins communs et des petits rorquals », remarque un observateur régulier basé à Baie-Comeau.

Dans la baie de Gaspé aussi, les rorquals à bosse sont les plus fréquents lors des quelques excursions qui ont pu avoir lieu cette semaine. Des dauphins à flancs blancs et des marsouins communs ont également pu y être observés, de même que pour des petits rorquals et, occasionnellement, des rorquals communs. Du côté de l’archipel de Mingan, les aléas météorologiques ont beaucoup limité les sorties en mer. Heureusement, il y a des phoques gris étalés par milliers sur les rochers de l’archipel!

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Des phoques gris étalés sur les rochers. © Jacques Gélineau
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© Jacques Gélineau
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© Jacques Gélineau

Les cachalots toujours dans le coin?

Visiteurs ayant semé l’émoi et émerveillé les enthousiastes de baleines la semaine dernière, les cinq cachalots aperçus au large des Escoumins ont marqué les esprits avant de disparaître sous les vagues. Cependant, quelques observateurs et capitaines suspectent qu’au moins l’un d’entre eux se trouve toujours dans les eaux de l’estuaire. On nous rapporte en effet avoir aperçu un long dos sombre plonger au large des Bergeronnes, sans qu’on ne le voie remonter, suggérant une très longue plongée.

Les bélugas en mouvement

Près de Rivière-du-Loup et de Cacouna, les bélugas sont toujours présents, mais leur présence est de plus en plus éparse. ça y est : les bélugas ont commencé leur migration saisonnière et se déplacent en direction de l’aval, comme chaque automne.

D’autres observations intéressantes se sont glissées entre les dos blancs pendant la semaine! Un troupeau d’une vingtaine de marsouins communs a pointé le bout de son museau au large de Cacouna pour la première fois depuis quelques semaines. Et de très grands groupes de phoques communs qui abondent le long de la rive, de Kamouraska à Cacouna! Sur la Rive-Sud, c’est vraiment leur saison!

Les oiseaux migrateurs débutent leur voyage

Les bélugas ne sont pas les seuls à bouger ces derniers temps. Avec le mercure qui baisse, les oiseaux migrateurs amorcent leur grand voyage annuel vers le Sud, passant par le ciel de Tadoussac et de Cap-Tourmente. Au moins une cinquantaine d’espèces différentes ont été aperçues, faisant le bonheur des bagueurs et des bénévoles.

De plus, du côté des Dunes de Tadoussac, le pic de migration des oiseaux de proie approche rapidement! Les vents du Nord-Ouest, même s’ils ne sont pas idéals pour les excursions de baleines, devraient permettre de belles observations de rapaces!

Un ours noir se goinfre avant l’hiver

L’hiver qui arrive à grands pas ne touche pas que les oiseaux et les cétacés. Les ours commencent à s’engraisser en prévision de leur long sommeil hivernal. À Rivière-au-Tonnerre, un ours noir s’est déniché un repas particulièrement nourrissant : une carcasse de petit rorqual. La chair des cétacés est très riche en gras, ce qui en fait une trouvaille précieuse pour un ours affamé. Même si le décès d’une baleine peut attrister les amoureux de mammifères marins, il s’agit là aussi du cycle naturel de la nature : sa mort est source de vie pour l’écosystème qu’elle laisse derrière elle.

Où sont les baleines cette semaine? La carte des observations

Ces données ont été rapportées par notre réseau d’observatrices et observateurs. Elles donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!

Cliquez sur les icônes de baleine ou de phoque pour découvrir l’espèce, le nombre d’individus, des informations supplémentaires ou des photos de l’observation. Pour agrandir la carte, cliquez sur l’icône du coin supérieur droit. La carte fonctionne bien sur Chrome et Firefox, mais pas aussi bien sur Safari.

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Observations de la semaine - 16/9/2021

Elisabeth Guillet Beaulieu

Elisabeth Guillet-Beaulieu a rejoint le GREMM en tant que rédactrice scientifique au début de l'automne 2021. Depuis toujours, elle est animée par un amour inépuisable de la biologie marine et des milieux aquatiques, amour qui se manifeste aujourd'hui dans la poursuite d'une carrière scientifique. Détentrice d'un baccalauréat en sciences biologiques, cette enthousiaste de l'environnement et de la conservation des milieux naturels a rejoint l'équipe de Baleines en direct dans l'espoir de partager sa passion contagieuse des mammifères marins tout en achevant sa maîtrise en environnement et développement durable.

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