Les associations entre individus de la même espèce sont bien documentées chez les baleines à dents. En effet, la formation de « clans » sociaux est étudiée notamment chez les cachalots, les épaulards et les bélugas. Par contre, chez les baleines à fanons, le sujet est moins bien connu. De façon générale, chez les baleines à fanons comme les rorquals, les associations entre différents individus de la même espèce sont rares, de courte durée et variables.
Les rorquals bleus sont dits solitaires, mais ceux-ci peuvent communiquer sur des centaines de kilomètres grâce à leurs sons de basse fréquence. Il est donc difficile d’évaluer la « taille » du groupe. Ils sont habituellement vus seuls ou en groupe de deux. Vers la fin de l’été et le début de l’automne, il se forme des duos composés d’un mâle et d’une femelle. Parfois, un troisième individu, souvent un mâle, s’approche de la paire et le groupe amorce alors une « course » en surface. La femelle poursuit sa nage avec le « vainqueur » de la course. Ce comportement a aussi été observé chez les rorquals à bosse, mais ces associations se dissocient rapidement au-delà de deux semaines.
Chez les rorquals à bosse du Saint-Laurent, il se forme des paires stables et répétées de femelles non lactantes jusqu’à 6 saisons d’alimentation consécutives. Il est encore difficile d’expliquer la raison de ces associations, mais ces femelles ont un meilleur succès reproducteur. Les femelles lactantes, quant à elles, sont moins « sociales » et consacrent leur temps aux soins de leur progéniture.
La chasse peut parfois inciter au regroupement. Les associations peuvent varier en fonction du type de proie. Par exemple, le krill est plus facile à chasser; les baleines n’ont donc pas recours à des techniques de chasse spécialisées. Chasser le hareng demande plus d’effort; les individus doivent se coordonner pour encercler le banc de poissons d’un filet de bulles et émettre les sons d’alimentation. Ces groupes plus ou moins stables ne semblent pas être retenus par des liens familiaux. Au contraire, les jeunes, moins expérimentés, s’alimenteraient plus souvent seuls, pour éviter la compétition avec les adultes. Dans l’estuaire du Saint-Laurent, on observait autrefois de grands groupes de rorquals communs, parfois plus d’une vingtaine, s’alimentant ensemble de façon synchronisée.
Plusieurs raisons peuvent mener à ce comportement « social »:une compétition pour le meilleur accès aux ressources alimentaires, une coopération mutuelle pour capturer plus facilement les proies, l’accès à un partenaire de reproduction, la protection des jeunes, etc. Cependant, il est difficile de cerner chaque circonstance et d’en expliquer la cause.
Pour en savoir plus:
Une étude sur les techniques de chasse de groupe chez les rorquals à bosse en Alaska
Une étude sur les associations entre les rorquals à bosse du Saint-Laurent