René Roy nous partageait il y a quelques semaines ses observations de rorquals à bosse à Mazaltan, Mexique. Le voilà maintenant du côté du Parque National Bahia de Loreto, encore au Mexique, auprès des rorquals bleus.
Je rêvais depuis longtemps d’y revenir. J’y étais passé en 2007, lors d’un voyage en Basse-Californie (Baja California) sur invitation des membres de la Station de recherche des iles Mingan (MICS), qui, à cette époque, y avait une antenne pour le suivi des rorquals bleus du Pacifique en migration. Nous étions sortis avec eux dans le parc national de la baie de Loreto pour observer et documenter les rorquals bleus.
Je suis à Loreto depuis près d’une semaine maintenant en attendant les conditions favorables pour sortir. Le parc est le plus grand secteur marin protégé de la mer de Cortez, on y retrouve 30 espèces de mammifères marins et cinq grandes iles rocheuses en font partie. Loreto est adossé à l’imposante Sierra de la Giganta. En attendant que le vent dominant du nord (el norte) se calme, j’ai pu discuter des rorquals bleus avec Michael Fishback, Étatsunien d’origine résident à Loreto qui a aussi fait partie de l’équipe du MICS il y a plus de vingt ans. Depuis ce temps, Michael est engagé activement en recherche et en conservation et travaille sur les rorquals bleus et autres grandes baleines en mer de Cortez au sein du Great Whale Conservancy.
Le samedi 3 mars, les conditions étaient enfin réunies et j’ai loué une panga (bateau typiquement mexicain) avec son capitaine. Sortis de la marina vers 7 h du matin, nous rencontrons au large à mi-chemin entre la côte et la grande Isla Carmen un beau banc de grands dauphins (Tursiops) qui viennent effectuer quelques gestes de curiosité autour du bateau. Cette espèce de dauphins se retrouve dans tous les océans du monde, dans les eaux tropicales, subtropicales et tempérées.
Nous nous dirigeons ensuite, comme Michael me l’avait indiqué, vers le sud, entre le bout de l’Isla Carmen et la très jolie Isla Danzante. C’est dans ce secteur que nous apercevons loin au sud un beau grand dos, sans voir de souffle. Lorsque la mer est très calme et que de plus la température de l’air est chaude, c’est souvent le cas. Un premier rorqual bleu! L’observation des baleines étant devenue très populaire dans le parc, la règlementation est strictement appliquée pour l’approche des baleines et mon pilote en est très conscient. Nous resterons à distance règlementaire.
Après quelques heures, c’est une deuxième et une troisième baleine bleue qui arrivent dans le secteur. Nous n’avons presque pas à déplacer le bateau puisqu’elles viennent sortir tout autour, à portée de caméra. Soudain, grande surprise, tout au large apparait un long dos suivi d’un beaucoup plus petit. C’est une femelle rorqual bleu avec son veau! J’espérais faire une telle observation, puisque les rorquals bleus descendent dans ces eaux chaudes pour mettre bas, mais je n’osais y croire. Quelle chance! Dans le golfe du Saint-Laurent, en quarante ans de recherche, le MICS en a observé seulement une vingtaine. Le renouvèlement de la vie chez ces animaux qui sont les plus grands de la planète et qui de plus sont en situation de survie, est très émouvant.
Le baleineau a délaissé sa mère de quelques centaines de mètres et est venu tout autour de notre bateau. J’ai pu prendre de bonnes photos pour fin de catalogage, mais ce ne fut malheureusement pas le cas pour la mère qui semblait préférer rester à l’écart.
Le vent devenant plus fort et contraire à notre course de retour, mon pilote me conseilla de rentrer au port après ces 6 heures d’observation, la tête et la caméra pleine d’images inoubliables. Cette sortie fut au-delà de mes espérances. Toutes ces observations dans un décor absolument paradisiaque, je vous laisse l’apprécier par quelques photos.