C’est avec un enthousiasme contagieux qu’un capitaine de bateau pilote des Escoumins téléphonait à l’équipe de Baleines en direct: « J’aurais pu écrire, mais j’étais trop content de rapporter cette observation de vive voix! J’observe actuellement quatre bélugas près de notre bateau! ». Cette observation est la première rapportant des baleines dans l’estuaire depuis le début de l’année 2016. Les bélugas sont des résidents du Saint-Laurent, donc la surprise n’est pas à son comble, mais cela demeure néanmoins une observation qui laisse entrevoir le retour imminent des baleines dans l’estuaire.

Un fait soulevé par cet observateur était la couleur de la peau d’un des individus du groupe, une peau gris foncé, presque bleue. C’est précisément ce que l’on nomme « bleuvet ». En effet, des termes spécifiques s’appliquent pour le béluga, à certains stades de développement, caractérisés par des changements de coloration. Le «veau» ou «nouveau-né» a la peau brune. La période de mise bas pour les bélugas est de juin à septembre. Âgé d’un an, sa peau devient gris bleuté; c’est alors qu’on le nomme «bleuvet». Les juvéniles plus âgés (de 2 ans environ jusqu’à l’âge adulte) sont appelés «gris». La peau des juvéniles passe progressivement du gris au blanc à l’âge adulte. Ce changement survient généralement entre 8 et 14 ans pour les femelles et entre 16 et 18 ans pour les mâles.

Où sont les bélugas l’hiver?

Le groupe de bélugas tournait en rond, se déplaçant sans direction apparente. Revenaient-ils d’un secteur plus en aval? Se dirigeaient-ils éventuellement vers le fjord du Saguenay? Le déglaçage de ce tronçon par le brise-glace Amundsen a d’ailleurs été amorcé le 14 mars dernier. Cela permet de prévenir les embâcles et les inondations pouvant être créés lors du dégel printanier. Le Pierre-Radisson participait également à cette activité annuelle.

Au fil des trente dernières années, les connaissances sur la distribution et l‘habitat estival des bélugas se sont précisées; l’été, la population de bélugas du Saint-Laurent se concentre dans l’estuaire et le fjord du Saguenay. Que se passe-t-il une fois qu’ils ont quitté ce secteur tard à l’automne? Où se concentrent-ils? Quels sont les facteurs qui motivent leur choix pour un secteur en particulier pour y passer la saison froide et quel est ce secteur? Ces questions demeurent, même après plus de 30 ans de recherche sur le béluga du Saint-Laurent. En octobre 2015, un nouveau projet a été lancé, Sur la trace des bélugas, visant à comprendre où et comment vivent les bélugas l’hiver venu. Malheureusement, le projet n’a pas été aussi concluant que les chercheurs l’espéraient. Les balises satellites posées sur six bélugas mâles ont cessé d’émettre au bout d’une dizaine de jours. La question persiste donc toujours, tout comme la motivation des chercheurs à trouver la réponse!

Observations de la semaine - 17/3/2016

Josiane Cabana

Josiane Cabana a été directrice du Centre d’appels du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins de 2011 à 2018. Entre les cas de mammifères marins morts ou en difficulté auxquels elle répond, elle aime prendre le temps de sensibiliser les riverains aux menaces qui pèsent sur ces animaux. Biologiste de formation, elle s’implique au sein du GREMM depuis plus de 15 ans, toujours avec la même passion!

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