La ministre des Ressources naturelles et de la faune, Nathalie Normandeau, a déposé à l’Assemblée nationale du Québec à la mi-mai le projet de Loi N°18 interdisant l’activité pétrolière et gazière sur les îles dans la partie du fleuve et de l’estuaire du Saint-Laurent, c’est-à-dire en amont de l’île d’Anticosti. Des organismes dédiés à la protection du Saint-Laurent s’en réjouissent, mais invitent la ministre à la cohérence pour le golfe.

La ministre a indiqué que tous les permis seraient révoqués de façon « permanente » dès l’adoption du projet de la Loi n°18. Les entreprises qui détiennent des permis d’exploration et qui avaient acquis leurs droits selon les règles édictées par le ministère ne recevront aucune indemnité de compensation de la part du gouvernement.

Pas de forages horizontaux sous le lit du fleuve

Les forages effectués à partir de la rive du Saint-Laurent visant à se prolonger à l’horizontale dans le sol sous-marin sont également frappés d’interdiction.Rappelons que des doutes demeuraient quant à cette possibilité de forer à partir de la terre ferme même si le gouvernement québécois a interdit au début du mois de septembre 2010 les forages d’hydrocarbures dans l’estuaire et a prolongé cette interdiction dans la partie fluviale au mois de novembre.

Selon le quotidien Le Devoir, « il n’a toutefois pas été possible hier d’obtenir de réaction de la part des entreprises qui se verront retirer leurs permis. Celles-ci pourraient par exemple intenter des recours contre le gouvernement afin d’obtenir une indemnité financière ».

Les groupes environnementalistes satisfaits

Les organismes dédiés à la protection du Saint-Laurent, de son écosystème et de son patrimoine se réjouissent et « félicitent la ministre du fait qu’elle concrétise ainsi la promesse qu’elle a faite l’automne dernier concernant les permis pétroliers dans le fleuve », déclare André Stainier, président des Amis de la vallée du Saint-Laurent, dans la revue Internet Gaïapresse. Dans cet article, il s’exprime en tant que porte-parole d’autres organismes, tels que Nature Québec, la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP Québec), Attention FragIles et la Fondation David Suzuki. « Les organismes avaient attiré, avec insistance, l’attention de la Ministre sur le fait qu’en amont de l’estuaire du Saint-Laurent, où elle venait d’interdire toute activité d’exploration et d’exploitation pétrolière ou gazière, c’est la presque totalité du lit du fleuve Saint-Laurent et de ses îles dans sa partie fluviale qui se trouvait couverte par des permis pétroliers et gaziers », écrivent les cosignataires.

Un appel à la ministre: cohérence pour le golfe

Quant au reste du Saint-Laurent, le golfe à partir de la zone située en aval de l’île d’Anticosti, les signataires « invitent la Ministre à faire preuve de cohérence et de ne pas présumer à l’avance des conclusions de l’évaluation environnementale stratégique en cours, conclusions qui devront faire l’objet d’un examen public complet ».

En effet, une évaluation environnementale stratégique (EES2) est prévue livrer ses résultats d’ici 2012 dans cette portion du Saint-Laurent. Cette EES 2 est menée par la firme Genivar, qui a acquis ses derniers mois une entreprise albertaine spécialisée dans la conception et la gestion d’installations pétrolières et gazières, comme l’indique Le Devoir.

En attendant, un moratoire sur l’exploration des hydrocarbures a été instauré dans la partie québécoise du golfe, alors que dans le secteur terre-neuvien, les premiers travaux d’exploration ont débuté sur le site du gisement Old Harry au large des îles de la Madeleine.[Le Devoir, Gaïapresse]

Pour en savoir plus:

Sur le site du Devoir : Les îles du Saint-Laurent sont protégées

Actualité - 26/5/2011

Christine Gilliet

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