Ces millions de tonnes de débris emportés dans l’océan sont partis pour un long voyage dans l’océan, au gré des courants. Ils représentent des risques à long terme pour les mammifères marins et les espèces déjà menacées. L’association Robin des Bois demande à la 63e réunion de la CBI le suivi de cet impact et d’adopter des moyens internationaux.
Le séisme survenu le 11 mars 2011 a laissé entre 25 millions et 200 millions de tonnes de déchets sur l’île du Japon, selon les diverses estimations. Lorsque le tsunami s’est retiré, il a entraîné avec lui des carcasses de voitures, de camions, de bateaux, des conteneurs métalliques, des débris d’habitations et d’infrastructures, qui ont ainsi formé une immense décharge. Les fleuves continuent à déverser dans l’océan les déchets qu’ils charrient.
Les mammifères marins sont ainsi exposés au risque de collisions et d’empêtrement dans des engins de pêche partis à la dérive. L’ingestion de déchets de plus petite taille, notamment les microplastiques, peut provoquer des occlusions et des lésions dans leur système digestif et des étouffements.
Selon le communiqué de l’association Robin des Bois du 31 mai 2011, ces débris parcourent 5 à 10 milles marins par jour et la plus grande partie d’entre eux mettra deux ans pour traverser l’océan. Avec un courant circulaire, ils viendront rejoindre ceux qui forment deux zones d’accumulation déjà bien identifiées avant le tsunami, l’immense Eastern Garbage Patch et le Western Garbage Patch. Les déchets plus légers comme les emballages et les bouteilles de plastique, déplacés par le vent et les vagues, sont attendus sur les plages d’Hawaï pour le printemps prochain.
Suivre à long terme l’impact sur les baleines du Pacifique
L’association française Robin des Bois est observatrice au sein de la Commission Baleinière Internationale qui tient sa 63e réunion plénière à Jersey, du 11 au 14 juillet. Elle demande actuellement que les États membres mandatent le Comité scientifique pour suivre sur le long terme toutes les conséquences du tsunami sur les populations de baleines du Pacifique Nord. Elle réclame que des conventions internationales et des moyens logistiques d’assistance mutuelle soient adoptés lors de catastrophes naturelles à grande échelle.
Plusieurs espèces et populations sont concernées, dont certaines étaient menacées avant la catastrophe: baleines franches, baleines grises du Pacifique du Nord-Ouest, rorquals à bosse, rorquals bleus, rorquals communs, rorquals de Bryde et cachalots, ainsi que les phoques moines d’Hawaï.
Déchets chimiques et radioactivité
Selon l’association, la marée de déchets va libérer dans le milieu marin des résidus de médicaments, de pesticides, des adjuvants toxiques comme les phtalates et les bisphénols, et des polluants persistants comme les composés bromés et les biphényles polychlorés (BPC), sans oublier les hydrocarbures et les métaux lourds entraînant la contamination globale des chaînes alimentaires.
L’iode 131, le césium 137, le strontium 90, le plutonium comptent parmi les radioéléments identifiés projetés sur le sol japonais par les rejets atmosphériques de la centrale de Fukushima. Le nord-ouest de l’océan Pacifique est le réceptacle naturel des rejets liquides de la centrale, mais aussi des retombées atmosphériques. Les baleines sont au sommet des chaînes alimentaires marines et leurs voies de contamination sont multiples: contact permanent avec la radioactivité, ingestion de plancton, de proies et de déchets contaminés, transmission de la radioactivité aux baleineaux pendant la période d’allaitement.[Robin des Bois, Le Monde Blogs, MaxiSciences,Futura-Environnement]
Pour en savoir plus:
Sur le site de MaxiSciences : Les déchets du tsunami japonais menacent les baleines