Par Christine Gilliet

Le gouvernement fédéral a annoncé le 26 août la création de l’aire marine protégée Tarium Niryutait en mer de Beaufort, dans une région fréquentée l’été par une des plus importantes populations de bélugas. Pourtant, des forages pour l’exploration et l’exploitation de gaz et de pétrole sont autorisés sur une surface représentant un pour cent de l’aire marine protégée, en partie à l’intérieur et à l’extérieur du sanctuaire.

Cette aire marine protégée se situe dans le delta de la rivière Mackenzie et l’estuaire de la mer de Beaufort. Elle comprend trois zones séparées, totalisant ensemble 1 800 km. La population de bélugas, estimée à 40 000 individus, fréquente les eaux de cette région en été pour se nourrir, établir des liens sociaux et élever leurs petits.

Pas d’annonce pour les forages

Avec l’annonce de cette aire marine protégée, lors de sa tournée de quatre jours en Arctique, le premier ministre Harper a déclaré que les trésors de l’Arctique seront préservés de manière certaine pour les générations futures. Si le communiqué de presse du bureau du premier ministre affirme que cette initiative comblera les aspirations culturelles et économiques des communautés inuites, il ne mentionne pas que l’exploration et l’exploitation des énergies fossiles sera autorisée proche de cette aire marine protégée.

En effet, selon l’étude d’impact publiée en avril par le ministère Pêches et Océans Canada, des activités de forage (ou relevés sismiques) pourraient être menées en présence d’un couvert de glace, aucun béluga n’étant présent dans cette région en hiver. Cette étude précise que des licences d’exploration ont été accordées aux compagnies ayant apporté la preuve d’un réservoir de pétrole et de gaz estimé à 6,6 milliards de dollars près de deux des trois zones de l’aire protégée. Ces compagnies pourront y mener des activités d’exploration et de construction de pipelines.

Une ligne pour séparer les bélugas des hydrocarbures

Le député néo-démocrate Nathan Cullen déclare que cette autorisation ne protège que les intérêts pour les hydrocarbures et qu’elle est en complète contradiction avec l’objectif de cette aire marine protégée. Il évoque le risque de déversement pétrolier qui pourrait s’étendre et contaminer l’habitat des bélugas et qualifie d’insensée la notion d’une simple ligne séparant la zone protégée d’un forage pétrolier.

Rappelons aussi que les activités d’exploration et d’exploitation d’hydrocarbures émettent des ondes sonores puissantes, explosives et répétitives pouvant se propager sur de très longues distances. Ce type de pollution acoustique peut créer des lésions à long terme chez les mammifères marins et affecter toutes les activités quotidiennes des bélugas.

C’est la première aire marine protégée créée dans la mer de Beaufort dont le potentiel de réserves d’hydrocarbures est estimé à 102 milliards de dollars. Auparavant, des recommandations pour le développement pétrolier avaient été émises par le Plan de gestion du béluga de la mer de Beaufort.

Actualité - 2/9/2010

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