Chaque année, quand débute le mois d’avril en Haute-Côte-Nord, un émoi indescriptible commence à couler dans les veines des passionné(e)s, dont je fais partie. En contemplant le Saint-Laurent et en attendant l’arrivée des premières baleines, je ressens cet émoi et les promesses du printemps. L’annonce du début d’une nouvelle saison d’observation et d’admiration.
Premières rencontres, premiers émois
Ces derniers jours ont tenu leurs promesses. Allons-y par ordre chronologique:
Le 04 avril, je suis posté en haut des dunes de Tadoussac. Je repère, très loin au large, un grand souffle. Fébrilement, je prends mes jumelles et je vois la baleine sonder, après plusieurs respirations. C’est bien mon premier rorqual commun de l’année!
Le 06 avril, je suis cette fois sur les roches du cap de Bon Désir (un petit paradis situé entre Les Bergeronnes et Les Escoumins). Je vois surgir devant moi mon premier petit rorqual de l’année. Je peux prendre quelques photos de cet individu, qui porte une encoche remarquable dans la nageoire dorsale. Peut-être un chercheur sera-t-il capable de l’identifier?
Dernier parti, premier arrivé ?
Et le 11 avril, la cerise sur le gâteau, le bonheur indescriptible ! Toujours devant le cap de Bon-Désir, où je passe une partie de mes journées, un grand souffle en ballon s’élève… mon premier rorqual à bosse de 2022! Il n’a pas montré sa caudale au moment de plonger. Mais qu’importe! Émotion et frissons sont au rendez-vous, vous vous en doutez.
Je peux tout de même prendre quelques clichés de la dorsale de ce rorqual à bosse, et le soir, en analysant mes photos… surprise! En effet l’individu que j’ai repéré ce 11 avril 2022 est bien le même que j’ai photographié le 09 décembre 2021, exactement au même endroit! Je reconnais sa dorsale caractéristique. Il n’a pas du aller bien loin cet hiver! Peut-être s’agit-il d’un jeune mâle (son gabarit n’est effectivement pas très imposant) qui, ne ressentant pas le besoin impérieux, vu son âge, de rejoindre les sites de reproduction au sud, a préféré rester dans le Saint-Laurent cet hiver. Il a probablement passé les mois les plus froid dans les secteurs libres de glace. Et le voilà déjà de retour en Haute-Côte-Nord!
Cet individu n’a pas encore de nom ni de numéro officiel au catalogue, il s’agit d’un jeune rorqual à bosse, inconnu des chercheurs. Il est donc pour l’ instant surnommé INCONNU 47 dans mon catalogue de 2021 et NiCA 58 dans le catalogue temporaire du GREMM.
Blanc comme un nuage
Les bélugas sont eux aussi présents dans le secteur depuis quelques semaines. Toujours le 11 avril, je photographie un gros béluga blanc passant près du quai du traversier aux Escoumins.
J’envoie la photo aux chercheurs du GREMM qui réussissent à identifier cet individu grâce aux détails de sa crête dorsale. C’est un individu bien connu: DL0098 alias Cumulus, un vieux mâle qui a au moins 54 ans! Découvrez ici son portait pour plus de détails passionnants sur sa vie.
L'appel du large
Alors oui, au cours des dernières semaines, on a assisté à un début de printemps fabuleux et prometteur. Dans un peu plus d’un mois, les croisières aux baleines reprendront. Cette saison 2022, je serai encore presque quotidiennement sur l’eau à vivre ma passion. Mes premières sorties, fin mai, seront dédiées aux oiseaux marins.
L’appel du large se fait terriblement sentir. En attendant, je vais arpenter les rivages et attendre d’autres arrivées printanières…