La mue permet à certaines espèces d’animaux d’éliminer les cellules mortes de leur peau et de favoriser la croissance rapide de nouvelles cellules. Elle se déroule souvent lors d’une saison ou à une période spécifique de l’année. Les baleines ont aussi besoin de réparer et renouveler leur peau, mais on ne peut pas parler d’une véritable mue pour toutes les espèces. Avec la mue ou le renouvellement des cellules, elles se débarrassent des organismes qui se fixent sur leur peau: des microalgues comme les diatomées et des crustacés comme les balanes.

Les bélugas, ces baleines blanches de l’Arctique, ont une mue saisonnière. Ils se rassemblent l’été dans les eaux peu profondes des estuaires ou à l’embouchure des rivières pour muer. Ils se frottent sur les fonds rocheux, vaseux et de sable pour décrocher les cellules mortes. Les eaux y sont plus chaudes et un peu moins salées que celle de la banquise de l’hiver en pleine mer: elle favorise le décollement des cellules et la reconstitution de l’épiderme. Et en hiver, le béluga a besoin de toute l’épaisseur de sa peau pour se protéger du froid. On n’observe pas le même type de mue saisonnière chez le béluga du Saint-Laurent, qui semble renouveler les cellules de son épiderme tout au long de l’année. Qu’il se trouve dans l’estuaire en été ou dans le golfe en hiver, il rencontre des eaux aux températures variant peu, autour de zéro degré Celcius.

Chez les dauphins, le renouvellement des cellules de l’épiderme se fait toutes les deux heures en nageant afin de conserver la viscosité de la peau pour un déplacement plus hydrodynamique. Les épaulards de l’Antarctique, les plus grands dauphins, effectueraient une longue migration pour muer. Ils parcourent quelque 10 000 km, des eaux froides proches du pôle Sud dont la température n’excède pas les deux degrés Celcius vers des eaux tropicales à plus de 20° C.

Fait intéressant: la peau morte qui se détache des baleines est récoltée par certains chercheurs pour effectuer des analyses génétiques, notamment pour connaître le sexe de l’individu.

Les baleines en questions - 22/8/2014

Camille Bégin Marchand

Camille Bégin Marchand a travaillé au GREMM de 2013 à 2018. Elle a commencé comme naturaliste au Centre d’interprétation des mammifères marins, mais son intérêt pour l’écriture scientifique l’a menée à travailler comme rédactrice pour Baleines en direct. Passionnée par la biologie et amoureuse de la région, elle fait aussi une maitrise en sciences de la forêt en collaboration avec l’Observatoire d’Oiseaux de Tadoussac.

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