Dans ces eaux glacées proches de l´Arctique, des chercheurs y ont installé pendant un an deux hydrophones pour enregistrer les vocalises d´une petite population en danger de disparition. Le nombre et la variété surprenante de ses chants pendant l´hiver indiqueraient que le détroit serait une zone de reproduction pour ces baleines et que la population serait en augmentation.

L´étude a été menée par une équipe constituée de chercheurs états-uniens et européens, et publiée le 31 juillet 2012 dans le Endandgered Species Research Journal.

Situé sur le degré 78.8 de latitude Nord, entre l´est du Groenland et l´archipel norvégien Svalbard, le détroit de Fram permet de joindre l´Arctique et la mer du Groenland. La toute petite population des baleines boréales (Balaena mysticetus) de Sptisbergen de l´Atlantique Nord en fréquente les eaux glacées, surtout celles de l´ouest de l´archipel. Portée au bord de l´extinction par une chasse commerciale intensive qui a duré quelques 200 ans, du 17e au 19e siècle, cette population ne compterait désormais que quelques dizaines d´individus. Seulement une quarantaine d ‘observations ont été rapportées depuis les années 1970. Mais, à la suite de récentes observations, des biologistes ont décidé d´installer deux hydrophones distants de 95 km l´un de l´autre dans le détroit pour écouter cette population, en savoir en peu plus sur elle et mieux en estimer le nombre.

Soixante chants différents et autant de mâles reproducteurs

Alors que les chercheurs pensaient obtenir la captation de quelques vocalises ressemblant à des grognements et des mugissements, ce sont des séquences d´appels et des chants répétés quasiment toutes les heures qui ont été enregistrées par l´hydrophone situé le plus à l´ouest, près de l´archipel, ceci du début novembre 2008 à la fin d´avril 2009. Ainsi, plus d´une soixantaine de chants diversifiés ont été enregistrés d´octobre à avril. La période la plus importante dans la production de ces vocalises coïncide avec celle des plus basses températures, de la concentration des glaces de mer et de la nuit polaire. Par contre, l´hydrophone ancré plus à l´est, au milieu du détroit de Fram, dans des eaux plus chaudes, a capté plutôt des appels simples et des séquences d´appels.

En raison de la diversité, des périodes et du volume des chants, la partie ouest du détroit de Fram semble être une aire hivernale de répartition pour cette population, et certainement une zone de reproduction. Une bonne nouvelle, disent les chercheurs, car il est important de découvrir pour une population en péril qu’une partie de la population est active pour la reproduction. Les chercheurs pensent que ces chants sont produits par les mâles qui seraient donc une soixantaine, ce qui leur permettrait, avec un nombre équivalent de femelles, d´estimer cette population à plus d´une centaine et de penser qu´elle est peut-être en recouvrement.

Cette étude procure des données importantes sur cette population mal connue en raison des conditions océanographiques difficiles des régions polaires, notamment sur son mode migratoire et sa répartition saisonnière. Les chercheurs projettent de poursuivre leurs études sur ces baleines noires, et en raison de la fonte accélérée de la banquise, ils estiment qu´il serait important de protéger ce site de reproduction.[Endangered Species Research Journal, University of Washington]

En savior plus

Sur le site de Endandgered Species Research Journal (en anglais seulement) : Spitsbergen´s endangered bowhead whales sing through the polar night

Actualité - 16/8/2012

Christine Gilliet

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