Par Christine Gilliet

Une récente étude l’atteste en livrant ses résultats sur l’augmentation d’une population de dauphins en Nouvelle-Zélande. Cette preuve tangible manquait aux scientifiques convaincus. Mais il faut aussi prévoir des corridors pour protéger l’écosystème et les cétacés, et définir des aires flexibles, ce qu’indique une autre recherche. Quant au suivi, il doit être mené à long terme et en continu.

Une AMP a été mise en place en 1988 dans une zone côtière de l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande, autour de la péninsule de Banks, pour protéger la population de dauphins d´Hector (Cephalorhynchus hectori) des prises accidentelles dans des filets de pêche maillants. Sur cette aire de 1 170 km2, la pêche commerciale y a été interdite et la pêche dite amateur a été restreinte sur certaines périodes de l’année et dans certains secteurs.

Des scientifiques ont effectué de 1986 à 2006 des captures photographiques de 462 individus identifiés par les marques visibles sur leur nageoire dorsale et répertoriés dans un catalogue. Ainsi, en effectuant un suivi sur 21 ans et mesurant l’écart avant et après la création de l’AMP, l’équipe révèle que le taux de survie a augmenté de 5,4 %, ce qui représente une augmentation moyenne annuelle de 6 % de cette population. Avec ces résultats récemment publiés dans le Journal of Applied Ecology l’équipe souligne l’importance d’un suivi à long terme, effectif et sur le terrain, pour mesurer l’impact positif d’une AMP sur les variations démographiques d’une population de cétacés.

Par ailleurs, on note cependant l’augmentation du nombre de navires à haute vitesse évoluant dans les ports et les zones côtières de la Nouvelle-Zélande qui représente une nouvelle menace pour les populations de dauphins d ‘Hector, notamment pour les jeunes dont plusieurs ont péri sous l’impact des hélices.

Des AMP flexibles et des corridors

Une autre étude, publiée en janvier 2012 dans Ocean & amp Costal Management (Cetaceans and MPAs should go hand in hand), porte sur les AMP et la protection des dauphins, notamment dans la baie de Santa Monica en Californie. L’auteure considère que la flexibilité de la définition d’une AMP dans ses limites géographiques est nécessaire, par exemple pour tenir compte des changements saisonniers dans le stock des proies disponibles pour les cétacés. Cela implique une fine connaissance de l’écosystème de la zone concernée, acquise par une recherche et un suivi continus, ainsi que l’application de mesures de gestion sur cet écosystème pour le maintenir en bonne santé autant que sur les activités humaines qui peuvent l’affecter (pollutions, pêche, trafic maritime).

Des corridors pour protéger les mouvements ou les migrations des cétacés sont souvent ignorés dans le dessin d’une AMP ou reliant des AMP entre elles. Or, il est essentiel de s’assurer que les connections entre les habitats désignés comme critiques soient maintenues pour la protection à long terme des écosystèmes et des cétacés.

Des effets positifs aux abords des AMP

En février 2012, le séminaire des Aires marines protégées et gestion halieutique par optimisation des ressources et des écosystèmes (Amphore), dont l’un des principaux objectifs était d’évaluer l’efficacité réelle des AMP en matière de pêche, a livré sa principale conclusion sur la conduite du projet sur quatre AMP en France, Mauritanie et au Sénégal: ces AMP profiteraient aux pêcheurs qui bénéficieraient de l’accroissement de la biomasse à l’extérieur de la zone. Des impacts positifs ont été aussi observés au niveau des activités récréatives et du développement économique local. Si les effets sont positifs pour les pêcheurs à l’extérieur de l´AMP, toutefois il n’est pas certain qu’ils compensent les restrictions mises en place à l’intérieur de l’aire. [Journal of Applied Ecology, Ocean & Costal Management, Actu-Environnement]

En savoir plus

Sur le site du Journal of Applied Ecology (en anglais seulement) : First evidence that marine protected areas can work for marine mammals

Actualité - 19/4/2012

Collaboration Spéciale

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