Les croisiéristes en parlaient dès son arrivée dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent le 30 mai dernier : Blizzard a des cicatrices fraîches sur son pédoncule et sa queue! La baleine a toutefois un comportement normal et ne semble pas en difficulté.
Les premières photos reçues d’un collaborateur du Réseau ont été soumises à Christian Ramp, spécialiste des rorquals à bosse à la Station de recherche des îles Mingan (MICS). Après consultation avec nos collègues de Center for Coastal Studies (CCS)*, le diagnostic est clair : «Les marques rectilignes et l’ampleur des blessures sur le rebord de la queue et sur le pédoncule suggèrent l’effet de cordages ou d’un engin de pêche. Les blessures se seraient ensuite infectées, ce qui explique la coloration jaunâtre».
La série de photos a également été soumise à Stéphane Lair, vétérinaire et directeur régional pour le Québec du Centre canadien coopératif de la santé de la faune. Selon lui, les cicatrices, du moins celles qui sont visibles, sont assez superficielles et l’infection est peu étendue. Il se fait rassurant : «Blizzard devrait guérir».
Jooke Robbins, également du CCS, a récemment publié un rapport sur la présence de telles cicatrices chez les rorquals à bosse dans le golfe du Maine. Elle y note que les jeunes individus comme Blizzard sont plus susceptibles d’être victimes de prises accidentelles.
Il est toutefois impossible de dire quand l’empêtrement s’est produit ni où il est survenu. Au cours de la migration printanière, entre les Caraïbes et les eaux plus froides de l’Atlantique, les rorquals à bosse peuvent parcourir quelques milliers de kilomètres!
* Le Center for Coastal Studies est un organisme basé à Provincetown, spécialisé depuis 1984 dans le désempêtrement de mammifères marins. L’équipe dirigée par Scott Landry a plus de 200 interventions à son actif.
© photos : Renaud Pintiaux