Une étude, réalisée conjointement par Pêches et Océans Canada et le Cascadia Reseach Center, démontre que les rorquals bleus sont de plus en plus présents près des côtes de la Colombie-Britannique, de l’Alaska et de la péninsule mexicaine de Baja. Les résultats, qui paraîtront sous peu dans la revue scientifique Marine Mammal Science, démontrent le lien existant entre les migrations du krill et la récente hausse des observations sur la côte Ouest canadienne, où ces baleines sont généralement rares.
Selon les chercheurs, les changements climatiques de l’océan Pacifique, semblables à ceux engendrés par El Nino, seraient à l’origine des déplacements de krill. En effet, les changements dans le régime des vents modifient les courants et du même coup influencent la migration de ces petits crustacés. Les rorquals bleus suivraient donc leurs proies de prédilection en direction du Nord : vers les côtes de la Colombie-Britannique et de l’Alaska, et en direction du Sud : vers le Mexique.
Déjà en 2007, des groupes de 5 individus avaient été observés à proximité des îles Queen Charlotte : les plus grands groupes de rorquals bleus observés dans ces eaux depuis une cinquantaine d’année! « Des observations encourageantes et annonciatrices d’un possible retour de ces géants » avait alors déclaré John Ford, chercheur à la tête du projet pour Pêches et Océans Canada.
Actuellement, les recherches se poursuivent. Dès cet été, les équipes continueront les suivis. Pour John Ford : « il est nécessaire de poursuivre les études pour mieux connaître l’importance de ces eaux pour les rorquals bleus et ainsi prendre les mesures adéquates pour protéger cet habitat essentiel à la survie de ces grandes baleines menacées ».
Une population menacée
Aujourd’hui, la population de rorquals bleus du Pacifique Nord est estimée à 2000 individus. Comme ailleurs dans le monde, ces rorquals étaient très prisés par les chasseurs qui en retiraient de grandes quantités d’huile et de viande. Entre 1910 et 1965, dans l’ensemble du Pacifique Nord, les baleiniers commerciaux ont pris au moins 9 500 rorquals bleus, dont certains à partir de stations terrestres en Colombie-Britannique. Protégés depuis 1966, les rorquals bleus ne se sont toujours pas rétablis de cette chasse commerciale. Ils sont aujourd’hui menacés par plusieurs activités humaines, notamment les collisions avec les navires, les prises accidentelles dans les engins de pêche et la pollution. De plus, les connaissances scientifiques sur ces baleines sont limitées. C’est une espèce nomade et solitaire qui parcourt des milliers de kilomètres depuis l’Alaska jusqu’en Californie lors de sa migration entre ses aires d’alimentation et de reproduction. En considérant leur nombre réduit et leur faible taux de mise bas et de recrutement, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) lui a attribué, en 2002, le statut le plus inquiétant : « en voie de disparition ». Le rorqual bleu de l’Atlantique Nord a le même statut. [Cyberpresse]