Décidément, c’est du côté de la péninsule gaspésienne que ça se passe. Le 8 avril, à 17h30, un immense souffle s’élève dans la baie de Gaspé. Devant Cap-aux-Os, un rorqual bleu nage paisiblement. «Je l’entends respirer», se réjouit l’observatrice qui assiste au spectacle en direct de sa cuisine. À quelques centaines de mètres du rorqual bleu, des taches blanches brouillent l’eau, puis disparaissent, puis réapparaissent. L’observatrice, intriguée, scrute la baie aux jumelles. Au bout de quelques minutes, elle réussit enfin à comprendre ce qu’elle voit : un rorqual à bosse. «Ça m’a pris du temps à bien le repérer. Son souffle était beaucoup plus diffus que celui du rorqual bleu. Je ne l’aurais probablement pas vu si ce n’avait été de ses pectorales», explique-t-elle.

Les nageoires pectorales et une partie de la face ventrale de la queue des rorquals à bosse sont blanches, tandis que leur corps est noir. Les nageoires pectorales mesurent environ le tiers de la longueur totale du rorqual à bosse. Elles peuvent atteindre 4,5 mètres, ce qui fait que les rorquals à bosse ont les plus longues nageoires pectorales de toutes les espèces de cétacés. En comparaison, les nageoires pectorales des rorquals bleus mesurent entre 2 et 2,8 mètres et celles des baleines noires, environ 2,8 à 3 mètres.

À quelques dizaines de mètres de la côte de Cap-aux-Os, le rorqual à bosse tourne sur lui-même à plusieurs reprises. Il sort même une nageoire pectorale hors de l’eau et la claque à la surface quelques fois, un comportement qu’on surnomme «flippering». Est-ce que la baleine tentait de communiquer à ses congénères sur de longues distances en émettant des claquements puissants? Ou tentait-elle d’effrayer des proies? Les comportements des rorquals recèlent encore de nombreux mystères.

Splash! L’eau remue, des gerbes d’eau revolent de tous les côtés. En Gaspésie, un phoque crée un remue-ménage à la surface. «Est-ce qu’il s’amuse ou est-ce qu’il chasse?», se demande l’observatrice alors qu’elle marche sur la plage près du phare de Cap-des-Rosiers. Des cris attirent son attention : une envolée de fous de Bassan la survole. Dès la fin du mois de mars, les fous de Bassan de l’Atlantique Nord délaissent la côte sud-est des États-Unis pour rejoindre leur lieu de nidification. Une des plus importantes colonies se trouve sur l’ile Bonaventure, en Gaspésie.

Du côté de la Côte-Nord, les observations se font rares. «Il y a trop vent, tellement que je ne vois même pas d’oiseau», se désole un observateur du côté de Pointe-Paradis. Un observateur aguerri scrute la baie de Tadoussac tous les matins dans l’espoir de voir le passage d’un troupeau de bélugas. «Est-ce que ma vue baisse ou est-ce que je manque leur passage?», se demande-t-il avec humour. Aux Escoumins, notre collaborateur Renaud Pintiaux parvient à croquer le portrait d’un béluga. La distance et les vents brouillent la photo et ne permettent pas d’identifier l’individu.

Observations de la semaine - 10/4/2019

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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