Un dos moucheté contraste avec la blancheur des bélugas nageant devant le site d’observation terrestre Pointe-Noire, à Baie-Sainte-Catherine, le 4 aout. L’assistante de recherche du Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), Laurence Tremblay, pointe la lentille de sa caméra sur le groupe. Grâce à sa focalisation, elle croque le portrait d’un narval!

Les bélugas et le narval s’activent près de la surface. Les corps se frôlent, se touchent, se bousculent presque. La canine gauche torsadée du narval s’élève dans les airs. Chez un narval adulte, elle peut atteindre la taille respectable de 2,5 mètres! Mais le narval qui nage dans le Saint-Laurent depuis 2016 n’en a pas encore une aussi grande.

Des bélugas donnent des coups de bassin au narval, un comportement appelé en anglais «pelvic thrust». Est-ce que cette accolade pelvienne est une pratique à la reproduction? Une forme de «poignée de main» pour une clique de bélugas? Un mouvement tout simplement agréable à effectuer? Voilà le genre de question pas si facile à élucider qui intéresse l’équipe de recherche du GREMM.

Le 5 aout, le narval nage dans la baie Sainte-Marguerite, parc national du Fjord-du-Saguenay.

Les rorquals bleus près des côtes

Les Escoumins accueillent près de leur rive des rorquals bleus ces jours-ci. «C’est rare que je puisse les voir d’aussi près», s’étonne un travailleur des Services de communications et de trafic maritimes, qui voit les plus grands animaux de la planète à partir de la fenêtre de son bureau le 2 aout. Cette même journée, il admire un groupe d’une cinquantaine de bélugas.

Comme les narvals, les rorquals bleus se reconnaissent par la mosaïque de taches qui couvre leur dos. Les chercheurs et les passionnés observent donc les photos d’individus et repèrent des formes dans les agencements de taches, afin de faciliter les comparaisons.

D’autres rorquals bleus sont vus au large de Matane et de Sept-Îles. Les rorquals bleus sont malheureusement en voie de disparition. Le Règlement sur les mammifères marins du Canada commande que les embarcations maintiennent une distance minimale de 400 mètres avec les rorquals bleus dans l’estuaire du Saint-Laurent.

Cette distance n’est pas aléatoire. Une étude publiée dans la revue scientifique Endangered Species Research révèle que lorsqu’un bateau navigue à proximité (particulièrement à moins de 400 m de distance, mais même jusqu’à 1000 m), le rorqual bleu passe moins de temps en surface, prend un moins grand nombre de respirations et fait de moins longues plongées en profondeur. Cela se traduit par des bouchées moins efficaces. Et quand on a un corps de 28 mètres de long à nourrir, mieux vaut engouffrer le plus de krill possible!

Manger, manger, manger

Le Saint-Laurent sert de buffet pour les baleines et les phoques qui y effectuent une migration durant l’été. Imaginez comment l’abondance doit être bonne pour faire faire un détour de quelques centaines de kilomètres aux mammifères marins dans un cul-de-sac!

Devant le Centre d’interprétation des mammifères marins, à Tadoussac, un petit rorqual en alimentation à la surface surprend les visiteurs qui sortent de la salle d’exposition presque tous les jours.

Dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, une douzaine de rorquals à bosse profitent du zooplancton et des bancs de petits poissons qui se trouvent dans le secteur. Les rorquals communs abondent aussi par dizaine. Et cette année, les marsouins communs semblent particulièrement présents.

Cette semaine, notre collaborateur Renaud Pintiaux a assisté à une partie de chasse d’un phoque gris cocasse. Le phoque gris dévorait un poisson bien orangé, probablement un sébaste. Un goéland trouvant la proie bien appétissante se met à harceler le phoque qui disparait sous la surface. Quelques secondes plus tard, le phoque saute presque hors de l’eau pour faire fuir le goéland. La technique fonctionne! Le chapardeur ailé s’éloigne à toute vitesse.

 

Où sont les baleines cette semaine? Voilà ce que nos collaborateurs et collaboratrices ont vu!

Ces observations donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!

Cliquez sur les icônes de baleine ou de phoque pour découvrir l’espèce, le nombre d’individus, des informations supplémentaires ou des photos de l’observation.  Pour agrandir la carte, cliquez sur l’icône du coin supérieur droit. La carte fonctionne bien sur Chrome et Firefox, mais pas aussi bien sur Safari.

Pour faire apparaitre la liste des observations, cliquez sur l’icône du coin supérieur gauche.

Cette carte représente un ordre de grandeur plutôt qu’un recensement systématique.

Observations de la semaine - 5/8/2020

Marie-Ève Muller

Marie-Ève Muller s’occupe des communications du GREMM depuis 2017 et est porte-parole du Réseau québécois d'urgences pour les mammifères marins (RQUMM). Comme rédactrice en chef de Baleines en direct, elle dévore les recherches et s’abreuve aux récits des scientifiques, des observateurs et observatrices. Issue du milieu de la littérature et du journalisme, Marie-Ève cherche à mettre en mots et en images la fragile réalité des cétacés.

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