Le 1-877-7baleine est toujours bien actif à l’arrivée de l’automne
Avec la rentrée scolaire, les voyageurs se font plus rares sur les rives du Saint-Laurent, mais il reste toujours des sentinelles en mer et sur terre bien à l’affut. Urgences Mammifères Marins a traité une diversité de cas intéressants dans les dernières semaines.
Des marsouins communs vraisemblablement victimes d’attaques de dauphins
Une carcasse de marsouin commun à L’Anse-au-Griffon a suscité de vives réactions depuis dimanche. La petite baleine était si fraiche que des résidents croyaient qu’il s’agissait d’une baleine en plastique! Mais le fait marquant est surtout qu’elle portait des égratignures partout sur son corps et ses nageoires, fait porté à l’attention du vétérinaire-conseil du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins, Stéphane Lair. Les photos lui ont rappelé le cas d’un marsouin commun trouvé mort en 2009 à Pointe-au-Père, qui portait des marques similaires et qui avait fait l’objet d’une nécropsie complète.
L’équipe de la Faculté de médecine vétérinaire (FMV) de l’Université de Montréal explique dans un court article publié dans la revue Aquatic Mammals en 2012 que les lacérations observées sur la peau du marsouin, parallèles et espacées selon un patron régulier, sont caractéristiques des marques produites lorsqu’une baleine glisse ses dents sur la peau d’une autre baleine. Il a été documenté que des marsouins communs sont des victimes occasionnelles d’attaques de grands dauphins en Grande-Bretagne et du dauphin à flancs blancs en Californie et dans l’état de Washington. De telles interactions entre les espèces n’avaient jamais été signalées dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent avant la découverte de la jeune femelle marsouin de 2009.
Des signes de réaction inflammatoire généralisée chez ce marsouin commun avaient été observés lors de sa nécropsie. Toujours selon les vétérinaires, l’hypothèse la plus plausible est que les plaies cutanées causées par les lacérations seraient à l’origine d’une infection bactérienne, et donc que la mortalité du jeune marsouin fût probablement la conséquence d’une attaque d’une baleine à dents ou d’un groupe de baleines à dents.
Est-ce la même histoire pour celui du marsouin de L’Anse-au-Griffon de cette semaine? Impossible de le confirmer, puisque la baleine a été rapidement la proie de charognards, une fois échouée, et les restes de la carcasse ne pourront pas apporter suffisamment d’informations aux scientifiques.
Autres faits notables : la présence d’une autre carcasse de marsouin commun a été confirmée mardi après-midi, à Cap-des-Rosiers en Gaspésie. Il porte aussi des stries rappelant des dents de dauphin. Les observateurs du réseau des Nouvelles du large rapportent quant à eux, la présence de milliers de dauphins à flancs blancs dans les eaux du golfe du Saint-Laurent, une intéressante coïncidence!
Un gros mâle béluga échoué à Baie-des-Sables
Un bénévole d’Urgences Mammifères Marins a fait preuve d’une vigilance hors pair ce samedi alors qu’il a repéré une masse blanche dérivant au large de Sainte-Flavie, dans le Bas-Saint-Laurent, sur laquelle reposait des oiseaux. Selon lui, il ne faisait pas de doute qu’une carcasse de béluga suivait le courant en face de chez lui. Ses impressions se sont avérées fondées alors que le lendemain, en face du Domaine Bel Azur à Baie-des-Sables, la carcasse terminait sa course.
Le spécialiste de la récupération de carcasses de béluga a été dépêché sur les lieux; le béluga semblait frais et donc un excellent candidat pour une nécropsie à la FMV. Il a vite constaté qu’il avait à faire à un très gros mâle adulte et les données récoltées sur le terrain corroboraient cette impression : 4,80 mètres de long pour un poids d’environ 1,5 tonne. La carcasse a fait l’objet d’une nécropsie complète mardi soir à la FMV, afin d’élucider les causes de mortalités de ce béluga. Une histoire à suivre!
Un petit rorqual échoué à Saint-Maurice-de-l’Échouerie
Un petit rorqual a été signalé à la dérive le matin du 6 septembre au large de Cloridorme en Gaspésie puis échoué le lendemain devant des maisons de Saint-Maurice-de-l’Échouerie. Les pêcheurs qui l’ont signalé en mer ont tout de suite remarqué les stries évidentes sur le ventre de la baleine, signe qu’elle a probablement été victime d’un empêtrement dans un engin de pêche. S’est-elle libérée d’elle-même, ou a-t-elle été laissée à la dérive après avoir été trouvée morte ficelée dans des cordages? Impossible de le savoir ni de savoir dans quel type d’engin elle s’est retrouvée. La carcasse a été mesurée et photographiée; il s’agissait d’une femelle adulte de 7,70 mètres. Cette situation rappelle l’importance de signaler toute baleine empêtrée, morte ou vivante, au 1-877-7baleine.