Une entente a été conclue entre la U.S. Navy et des groupes environnementaux afin de limiter les activités militaires dommageables pour les baleines dans des secteurs à risque, notamment dans le sud de la Californie et près de l’archipel d’Hawaï où se trouvent plusieurs espèces en voie de disparition. Poursuivie en justice à cause des blessures irréparables que l’utilisation des sonars et des explosifs engendre aux cétacés, la U.S. Navy a reconnu qu’il lui était possible de procéder à ses exercices militaires, sans compromettre la survie des baleines et des autres mammifères marins.

Un rapport paru en 2013 annonçait la venue d’importants exercices militaires prévus de 2014 à 2019. Ces exercices devaient se dérouler au large de la côte est des États-Unis, dans le golfe du Mexique, au sud de la Californie et autour de l’archipel d’Hawaï. Ces territoires sont tous fréquentés par des baleines menacées d’extinction. En réaction à cette annonce, des poursuites ont été engendrées par les groupes Natural Resources Defense Council (NRDC) et Earthjustice, car ces activités vont à l’encontre du Endangered Species Act et le Marine Mammal Protection Act. Ces groupes de recherche s’appuient sur des études scientifiques révélant le rapport entre quatre échouages collectifs depuis les années 2000 et des exercices militaires tenus au même endroit. Ces baleines se seraient échouées après avoir été désorientées par le bruit des sonars. Les baleines dépendent de leur audition pour survivre. Le son se propageant cinq fois plus vite dans l’eau que dans l’air, le bruit engendré par les pratiques militaires comme les explosifs et les sonars peut perturber l’alimentation, la navigation et la communication. Par exemple, une étude a démontré que l’utilisation du sonar interférait avec les comportements d’alimentation du rorqual bleu, une espèce en voie de disparition. À faible distance, ces bruits peuvent causer la surdité et même la mort de ces animaux. De plus, chaque année, plusieurs baleines meurent ou sont blessées gravement suite à des collisions avec des navires.Le groupe NRDC soutient qu’il est possible de réaliser ces exercices militaires sans compromettre la survie des baleines et des autres mammifères marins.

Le 14 septembre 2015, la marine a concédé qu’elle pouvait modifier ces activités tout en assurant la sécurité nationale et a indiqué qu’elle travaillerait avec les pêcheries afin d’identifier les zones à risque, dont le sud de la Californie et l’archipel d’Hawaï. C’est à Honolulu (HI) qu’une entente a été conclue par un juge de la Cour fédérale. La décision rendue publique interdit désormais:

  • l’utilisation de sonars à l’ouest de la Californie, entre les îles Santa Catalina et San Nicolas, territoire fréquenté par les baleines à bec;
  • l’utilisation de sonars près de San Diego, Californie, aire d’alimentation des rorquals bleus;
  • les exercices de sonars et d’explosifs à l’est de Big Island, Hawaï;
  • une partie des exercices majeurs entre l’île de Maui et Big Island, Hawaï.

De plus, tout dommage ou mortalité d’un cétacé devra être étudié par le National Marine Fisheries Service.

Selon les groupes environnementaux, il s’agit d’une victoire sur un débat qui durait depuis plus d’une décennie. Ils espèrent ainsi que les mortalités seront réduites pour ces animaux déjà menacés par la pollution, le trafic maritime et les changements climatiques.

Sources:

En savoir plus:

Actualité - 19/10/2015

Camille Bégin Marchand

Camille Bégin Marchand a travaillé au GREMM de 2013 à 2018. Elle a commencé comme naturaliste au Centre d’interprétation des mammifères marins, mais son intérêt pour l’écriture scientifique l’a menée à travailler comme rédactrice pour Baleines en direct. Passionnée par la biologie et amoureuse de la région, elle fait aussi une maitrise en sciences de la forêt en collaboration avec l’Observatoire d’Oiseaux de Tadoussac.

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