« On voit à l’infini! » rapporte un observateur de la région de Gaspé, déjà en préparation des bateaux d’excursions pour la prochaine saison. Le Saint-Laurent est libre de glace, mais aucun souffle n’est rapporté. Ce sont les bateaux de pêche qui attirent l’attention; ils sont nombreux au large puisque la saison de la pêche commerciale bat son plein dans l’estuaire et le golfe Saint-Laurent. Les Rimouskois et les Matanais ont été dans les premiers à pouvoir goûter le crabe frais, tout juste débarqué sur les quais bordant la zone 17, soit dès le 23 mars dernier. Cette année, la pêche a commencé plus tôt qu’à l’habitude compte tenu de l’absence de glace. À peu près au même moment s’amorçait la pêche au crabe des neiges dans la zone 12 A, de Mont-Louis à Cap-Gaspé. Dans la semaine à venir, la région de Sept-Îles s’ajoutera aux zones ouvertes à cette pêche.
Puis dès demain, vendredi 1er avril, le golfe Saint-Laurent accueillera les crevettiers. Il s’agit d’un moment de l’année où l’achalandage sur le golfe est impressionnant. La crevette nordique du Québec est pêchée par chalut et figure d’ailleurs, comme le homard, sur la liste des « 10 meilleurs choix de produit de la mer» de la Fondation David Suzuki. Elle est aussi écocertifiée par le Marine Stewardship Council (MSC). Le pétoncle est un autre mollusque qui fait l’objet de pêche commerciale à ce temps de l’année; les pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine le pêchent depuis quelques semaines déjà, tandis que ceux de la Côte-Nord s’y mettront sous peu. Puis, les Madelinots prendront le large en théorie le 30 avril pour amorcer leur saison de pêche au homard.
La chasse au phoque du Groenland serait quant à elle « à l’eau » pour le secteur des Îles-de-la-Madeleine. Selon Pêches et Océans Canada, la grande majorité des phoques ont boudé la région, notamment en raison de l’absence de banquise. Quelques chasseurs se sont aventurés en mer dans la semaine pascale et sont revenus avec environ 200 phoques, alors que le quota est fixé à 15 000 bêtes. Les chasseurs des Îles se tournent tranquillement vers le phoque gris, dont la commercialisation est permise depuis quatre ans. Si les chasseurs des îles sont inquiets de voir le couvert de glace disparaître, la situation est toute autre dans la région de Terre-Neuve. Une équipe de Pêches et Océans Canada a constaté la bonne condition des glaces en survolant le Sud-est labradorien et le nord de Terre-Neuve. C’est là où on trouve le plus de phoques du Groenland.
À ce sujet, depuis le 17 mars et jusqu’au 23 avril, l’exposition photo Hakapik est présentée à Montréal. On y retrouve une trentaine de photos en noir et blanc tirées de reportages réalisés entre 2012 et 2015 aux Îles-de-la-Madeleine, au large de Terre-Neuve et dans le Nunavut, auprès des chasseurs de phoques. Le photographe et chasseur madelinot explique que son projet vise à la fois à documenter et à réfléchir sur la nature même de cette activité traditionnelle ancrée dans l’histoire des communautés maritimes et celles du nord du Canada en particulier.