Les sites d’observation terrestre de Parcs Canada attenants au parc marin du Saguenay–Saint-Laurent ferment leurs portes, les naturalistes y travaillant retournent à leurs occupations d’hiver. Les excursions prennent fin à Gaspé, l’équipage s’affaire maintenant à l’entretien des bateaux. Les équipes de recherche du GREMM et du MICS concluent leur terrain, bientôt, ils se lanceront dans l’analyse des données et la rédaction de rapports. Que retiennent-ils tous de cette dernière semaine auprès des baleines?
Les grands rorquals sont absents près des belvédères du Centre de découverte du milieu marin aux Escoumins et de celui du Cap-de-Bon-Désir aux Bergeronnes. Les petits rorquals qui chassent à proximité des falaises sont ceux sous les projecteurs. Au large, en plein cœur du parc marin, le rorqual commun Caïman et son baleineau sont de nouveau aperçus et cinq rorquals communs s’alimentent à la surface. À Longue-Rive, la femelle rorqual bleu Chameau est identifiée. Les deux individus observés à ses côtés demeurent anonymes.
Les rorquals à bosse sont toujours très présents dans la région de Gaspé, dispersés entre le cap des Rosiers et le cap Gaspé. Le 6 octobre, des excursionnistes rencontrent 11 rorquals à bosse dont les connus Hunter et La Souffleuse, aussi appelé Le Souffleur dans l’estuaire. Dans la mêlée, deux individus s’époumonent à sauter hors de l’eau simultanément!
Des tonnes de baleines — et ce n’est pas peu dire! — se trouvent à l’ouest de Longue-Pointe-de-Mingan. Le 4 octobre, l’équipe du MICS recense 80 baleines incluant 10 rorquals bleus, 4 baleines noires, 30 rorquals communs et 30 rorquals à bosse! On comprend bien qu’il leur est difficile de quitter la station de recherche! À Tadoussac, l’équipe du GREMM, à bord du Bleuvet, achève ses jours sur l’eau. Même si les bélugas resteront encore plusieurs semaines dans le secteur, les conditions maritimes empêchent le travail sur l’eau. Le 11 octobre, ils assistent à une scène de chasse de plusieurs bélugas qui crachent à la surface de l’eau. Ce crachat servirait-il à effrayer la proie ou à l’assommer?
Anik Boileau, directrice du Centre d’éducation et de recherche de Sept-Îles (CERSI) continue de braver le froid pour aller à la rencontre des baleines présentes entre Gallix et Port-Cartier. Sur sa feuille de route: 5 rorquals à bosse, 3 rorquals bleus et 10 rorquals communs. Jacques Gélineau, collaborateur de l’Institut nordique de recherche en environnement et en santé au travail (INREST) de Sept-Îles, déclare que ce secteur «est le lieu de rendez-vous des baleines cet automne». Loin d’arrêter ses sorties, il les poursuit pour un mois encore. Cette semaine, il reconnait entre autres le rorqual à bosse Triad (H163) et les rorquals bleus B306, B120 et B478. Il croise également la route de plusieurs rorquals communs, dont trois duos. Il semble que ces géants se remplissent la panse de krill; ceci explique les agrégations de fèces rouges trouvées.
Été comme hiver, notre collaboratrice à Franquelin surveille le passage des baleines. Des surprises l’attendent au détour comme ce béluga solitaire vu le 5 octobre à une centaine de mètres du rivage. Ce n’est pas la première fois que des bélugas y sont aperçus. Le 29 juillet 2017, un troupeau d’une vingtaine d’individus avait été repéré au large de la pointe Paradis. L’été, ces baleines se concentrent dans l’estuaire entre l’ile aux Coudres, Forestville et l’ile du Bic ainsi que dans le fiord du Saguenay, mais l’hiver, elles se déplacent dans la partie aval de l’estuaire (entre Forestville et Pointe-des-Monts) et dans la portion nord du golfe.
Cette carte représente un ordre de grandeur plutôt qu’un recensement systématique.