Évènement rarissime dans le Saint-Laurent; les chercheurs membres du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères mains ont confirmé cette semaine que la carcasse aperçue à la dérive au large de Mont-Louis en Gaspésie le 29 octobre dernier était celle d’un jeune rorqual bleu.

Le rorqual bleu est une espèce en voie de disparition. Chaque carcasse est donc précieuse à documenter. Plus encore, le fait que ce soit un jeune élève le niveau d’intérêt; à peine 23 baleineaux ont été vus dans le Saint-Laurent en 35 ans de recherche.

Paire mère-baleineau de rorquals bleus dans la mer de Cortez © Great Whale Conservancy
Paire mère-baleineau de rorquals bleus dans la mer de Cortez © Great Whale Conservancy (photo tirée du site http://halifax.mediacoop.ca)

C’est un observateur en mer à bord d’un navire de pêche qui sillonnait les eaux de l’estuaire, au cœur de la voie maritime, qui a remarqué la carcasse du rorqual qui flottait en surface, avec plus de la moitié de son corps immergé. Selon les dires du biologiste en mer, il s’agissait d’un petit rorqual. C’est la taille de la baleine, évaluée à la moitié de la longueur de son bateau qui faisait une vingtaine de mètres, qui l’a induit en erreur. Les photos transmise au Réseau cette semaine ont permis de confirmer qu’il s’agissait plutôt d’un rorqual bleu. Richard Sears de la Station de recherche des îles Mingan (MICS) se questionnait même à savoir s’il pouvait s’agir d’un nouveau-né de l’année.

Le fait que la carcasse fraîche était au cœur de la voie maritime laisse croire que cette baleine aurait pu être victime d’une collision avec un navire. Il est toutefois impossible de le confirmer comme aucune marque évidente n’a été documentée. Les collisions sont des menaces réelles pour les baleines du Saint-Laurent. D’ailleurs, l’analyse de la banque de photo-identification des rorquals bleus du Saint-Laurent par le MICS révèle qu’au moins 5 % des individus portent des marques de collision avec un navire.

Aucune carcasse de rorqual bleu n’a été signalée sur les berges récemment et donc, impossible de documenter davantage cet incident. Cette situation rappelle l’importance de valider en temps réel l’incident puisque s’il avait été possible de confirmer l’espèce au moment où la carcasse a été découverte, des équipes spécialisées auraient pu se déplacer en mer afin d’acquérir des données sur l’incident. La baleine aurait pu même être remorquée afin d’être nécropsiée par la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. Si vous trouvez un mammifère marin mort ou en difficulté, contactez directement le 1-877-7baleine. L’équipe du Centre d’appels vous répondra et s’assurera d’obtenir un portrait le plus fidèle possible de la situation. Un plan d’intervention sera ensuite déployé, selon l’espèce et le type de cas.

Urgences Mammifères Marins - 7/12/2016

Josiane Cabana

Josiane Cabana a été directrice du Centre d’appels du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins de 2011 à 2018. Entre les cas de mammifères marins morts ou en difficulté auxquels elle répond, elle aime prendre le temps de sensibiliser les riverains aux menaces qui pèsent sur ces animaux. Biologiste de formation, elle s’implique au sein du GREMM depuis plus de 15 ans, toujours avec la même passion!

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