Fascinée par l’intelligence des cétacés, Janet Mann, professeure de biologie et de psychologie à l’université de Georgetown, aux États-Unis, a regroupé dans Intelligences des profondeurs des travaux de chercheurs spécialistes du sujet. Sans prétendre résoudre les multiples questions que soulève le comportement des mammifères marins, l’ouvrage dirigé par Mann réussit néanmoins à illustrer leur complexité dans un ouvrage accessible au public.
Ce collectif se divise en huit chapitres, eux-mêmes divisés en une série d’articles, qui traitent entre autres de la cognition des cétacés, de leur communication, mais aussi de leurs liens sociaux, de leur culture ou de nos relations avec eux. Saviez-vous que certaines espèces de dauphins développent des « amitiés » durables? Ou que le chant des baleines peut se transmettre d’une population à une autre? Mann et ses collaborateurs nous informent sur les dynamiques qui animent les populations de cétacés en s’appuyant à la fois sur les travaux de pionniers du domaine, tels que John Lilly ou Wayne Batteau, et sur ceux des chercheurs actuels, comme Hal Whitehead.
Intelligences des profondeurs s’avère être une synthèse à la fois rigoureuse et accessible. Ses références et ses sources précises sont accompagnées de multiples (et superbes!) photos, schémas et illustrations, qui sauront plaire autant aux spécialistes qu’aux amateurs. On constate cependant un déséquilibre entre le nombre d’articles qui traitent des baleines à dents, par exemple le dauphin ou le marsouin, et le nombre d’articles qui traitent des mysticètes, ou baleines à fanons. Conscients de cette disparité, les chercheurs témoignent des réalités parfois difficiles de la recherche en révélant leurs méthodes, leurs outils ainsi que les facteurs qui peuvent mener à ces imprécisions.
S’inspirant du philosophe allemand Jakob von Uexüll, Mann affirme que « chaque espèce vit dans un monde tout à fait différent tout en habitant la même planète », illustrant ainsi les limites de notre perception et de notre compréhension. Elle nous invite toutefois à considérer ces indéterminations comme des preuves de la richesse de l’univers des cétacés plutôt que comme des lacunes, et croit que leur bienêtre ne doit pas être sacrifié au profit de méthodes de recherches intrusives, mais plus efficaces, par exemple.
Un ouvrage tout en nuances, facile à consulter, qui, sans prétendre à l’exhaustivité, dresse un portrait juste et complet des dernières découvertes.