Elle pointe que l’implantation de l’industrie pétrolière est mal acceptée par les citoyens, les connaissances du milieu marin lacunaires et les moyens d’intervention insuffisants en cas de marée noire. Des scientifiques et des organismes de protection de l’environnement sont inquiets. Pour les espèces marines déjà en péril, elle représente une pression supplémentaire exercée par les activités humaines.

Le rapport d’étude final de l’évaluation environnementale stratégique (EES2) a été publié sur le site du ministère des Ressources naturelles le 13 septembre 2013. Les résultats de cette étude commandée à la firme de consultants Génivar représentent une étape importante pour que le gouvernement québécois prenne la décision de lever ou non le moratoire sur l’exploration et l’exploitation de pétrole et de gaz dans la portion québécoise du golfe du Saint-Laurent.

Ce document de quelque 800 pages souligne l’absence d’acceptabilité sociale du projet d’implanter une telle industrie dans le golfe et des lacunes dans les connaissances environnementales et biologiques. En cas de déversement, il pointe de manque de capacité d’intervention d’urgence et l’insuffisance d’un encadrement réglementaire en termes d’enjeux environnementaux.

« Je vais m’assurer que le gouvernement ait tous les outils et toutes les informations nécessaires pour mesurer les impacts environnementaux et mettre en place l’ensemble des moyens de mitigation pour l’environnement ainsi que pour mesurer les impacts sociaux et évaluer les retombées économiques pour l’ensemble des Québécois », a déclaré Martine Ouellet, la ministre des Ressources naturelles.

Le gouvernement étant favorable à l’exploitation des hydrocarbures en milieu marin, le ministère des Ressources naturelles déclare vouloir continuer de documenter le sujet. Il formera deux comités d’experts pour analyser les volets économique et technique. Il invite les citoyens à lui adresser leurs commentaires sur l’EES2 à hydrocarburesmarins.gouv.qc.ca/.

Une aventure jugée risquée

« Le Québec n’est pas prêt à se lancer dans une telle aventure dans le golfe du Saint-Laurent », déclare la Coalition Saint-Laurent dans un communiqué. La Coalition Saint-Laurent demande au gouvernement du Québec de mettre en place un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) et de maintenir le moratoire.

La Coalition appuie la recommandation de l’EES2 de considérer le golfe du Saint-Laurent dans son ensemble. Elle demande à nouveau au gouvernement de travailler en concertation avec les autres provinces et le gouvernement fédéral pour étendre le moratoire à l’ensemble du golfe. La province de Terre-Neuve-et-Labrador a mené sa propre évaluation environnementale sur son territoire marin avec l’objectif à court terme de forer le gisement potentiel Old Harry situé à 80 km des îles de la Madeleine, sur la frontière maritime qui la sépare du Québec. Un déversement pétrolier pourrait toucher les cinq provinces bordant le golfe. La pêche et le tourisme, qui génèrent de nombreux emplois dans les régions du golfe, risquent de subir les impacts d’installation d’infrastructures pétrolières et de forages.

Encore plus de menaces pour les espèces marines

« Les conclusions du rapport reflètent en grande partie nos préoccupations, commente Robert Michaud, directeur scientifique du Groupe de recherche sur les mammifères marins (GREMM). L’exploitation des hydrocarbures comporte des risques élevés et l’état de nos connaissances ne permet ni de prédire ni de prévenir plusieurs des effets appréhendés. Ceci est particulièrement vrai pour ce qui est des effets cumulatifs des nombreux stress auxquels l’écosystème du golfe est soumis. »

Plusieurs espèces de mammifères marins en péril fréquentent les eaux du Saint-Laurent et subissent des pressions liées aux activités humaines sur leur mode de vie et leur habitat: pollution chimique, pollution sonore liée au trafic maritime, collisions avec les navires, captures accidentelles avec des engins de pêche, acidification et hypoxie des eaux.

« Le rapport aborde par ailleurs très peu cette question et sous-estime également la difficulté de prédire les impacts de ces activités dans le contexte des changements climatiques, ajoute Robert Michaud. En effet, le golfe subit des changements de plus en plus rapides et importants, ce qui fragilise les espèces en péril et diminue notre capacité à prédire l’évolution du système.»

D’autres organismes, œuvrant pour la protection de l’environnement et le développement d’énergies moins risquées et durables, ont émis leurs préoccupations, notamment la Fondation David Suzuki, Nature Québec et Greenpeace.

Sources: Gouvernement du Québec, Le Devoir, Fondation David Suzuki, Coalition Saint-Laurent

En savoir plus:

Actualité - 19/9/2013

Christine Gilliet

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