L’été, êtes-vous du genre à toujours retourner au même camping, au même chalet, année après année ou êtes-vous plutôt nomade, adepte des «roadtrips»? Cette question, on pourrait presque la poser aux baleines! Certains individus sont fidèles à un site d’alimentation et y passeront tout l’été, tandis que d’autres voyagent à travers le Saint-Laurent.
Du côté des fidèles, on compte Bp955, dit «Ti-Croche», qui se trouve dans le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent depuis juin, et peut-être même plus tôt, alors que peu d’yeux humains se trouvaient sur le secteur. Depuis 2017, il passe pratiquement l’entièreté de la saison estivale dans l’estuaire. Chez les rorquals à bosse, Tic Tac Toe et son veau semblent aussi vouloir profiter de l’estuaire au maximum cette année. Pourtant, Tic Tac Toe est connue pour faire des incursions dans les secteurs de Sept-Îles, des iles Mingan et de la Gaspésie. Peut-être qu’avec un veau, il est plus facile de rester à la même place?
La femelle rorqual bleu B082, surnommée Crinkle à cause de sa peau plissée, préfère voyager. Photographiée au large des Escoumins en aout, la voilà cette semaine du côté de Port-Cartier. Le 1erseptembre, Jacques Gélineau photographie douze individus rorquals bleus. «Il y en avait bien plus, je voyais des souffles partout au loin, mais je n’ai pas pu documenter tout le monde», témoigne-t-il. Crinkle nage avec un individu à ses trousses. À cette période de l’année, des paires commencent à se former dans le Saint-Laurent. Grâce à la photo-identification ou à des biopsies, des chercheurs ont pu confirmer que les paires sont majoritairement formées d’un mâle et d’une femelle. La saison des amours approche pour les rorquals bleus!
Cette même journée, Jacques croise une quinzaine de rorquals communs, beaucoup de marsouins communs, des dauphins à flancs blancs et quelques petits rorquals. «Il y a de la vie au large depuis presque deux semaines! Chaque fois que je peux sortir entre deux tempêtes, c’est super», se réjouit-il. Entre deux observations de baleines, il doit malheureusement ramasser de nombreuses bouées en styromousse qui dérivent. «Ces bouées “à usage unique” sont dangereuses pour la faune. Les goélands les picorent, ce n’est pas bon pour eux. Avec les tempêtes et la mer puissante, les bouées se décrochent et dérivent. C’est un vrai fléau», déplore-t-il.
Dormir comme une buche
Devant Cap-Chat, un dos noir flotte à la surface le 29 aout. La baleine est-elle empêtrée? Blessée? Les souffles apparaissent à intervalle régulier, mais la nageoire dorsale émerge à peine. Puis, l’animal disparait sous les flots. Quelques jours plus tard, un scénario similaire se reproduit à Cloridorme. Le rorqual à bosse est si près de la rive que le riverain craint qu’il ne s’échoue. Un bénévole du Réseau québécois d’urgences pour les mammifères marins se rend sur place, mais la baleine a disparu. Au large, de nombreux rorquals à bosse s’activent. Le 1erseptembre, une naturaliste au Centre d’interprétation et d’observation de Pointe-Noire voit deux rorquals à bosse en surface, immobiles. Inquiète, elle les scrute aux jumelles, mais ne voit ni blessures ni cordages. Elle ne les lâche tout de même pas des yeux. Soudain, les deux baleines s’élancent dans les airs!
Que faisaient donc ces rorquals à bosse? Ils se reposaient probablement. Les baleines à bosse, lorsqu’elles dorment, ressemblent à de grosses buches flottant en surface. On surnomme le sommeil en surface le «billotage», en référence à cette similitude. L’heure du repos variera selon les activités de la baleine. Si elle se nourrit pendant la nuit, il y a fort à parier qu’elle aura à refaire des forces durant le jour!
Bélugas au pas de course
Le 27 aout, une joggeuse s’entraine pour le Béluga Ultra-Trail, une course en sentier au profit des bélugas du Saint-Laurent (il reste d’ailleurs quelques places si vous souhaitez vous y inscrire ou y être bénévole). Au long de ses kilomètres dans le sentier qui relie Baie–Sainte-Marguerite et Tadoussac, elle croise huit gélinottes huppées, un lièvre, un petit rorqual en alimentation et des bélugas quittant à toute vitesse le Saguenay pour regagner le Saint-Laurent. Elle peine à les suivre depuis le sentier, eux qui sont portés par le courant de la marée descendante. Au bout de la pointe de l’Islet, elle n’a d’autre choix que de s’arrêter pour les voir disparaitre vers le large. Encore une fois, les bélugas poursuivent leur vie mystérieuse dans les profondeurs des eaux, loin des yeux des humains.
Où sont les baleines cette semaine? Voilà ce que nos collaborateurs et collaboratrices ont vu!
Ces observations donnent une idée de la présence des baleines et ne représentent pas du tout la répartition réelle des baleines dans le Saint-Laurent. À utiliser pour le plaisir!
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